A LITTLE GIRL GREW UP TOO FAST. Mon enfance, on ne peut pas dire que cela a été la meilleure. Déjà quand j’eus quatre ans, mes parents décidèrent de se séparer d’un commun accord. Ils ne se supportaient plus, ils s’envoyaient tout ce qu’ils pouvaient par la tête, ils n’étaient plus d’accord sur rien. Ils se hurlaient dessus sans cesse. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire de toute façon, mais vous croyez vraiment que les relations entre eux se sont appaisés ? Jamais, ils se sont tous disputés, qui sait qui aura le canapé, le placard, les allogènes, le chien, la gosse. Ca a été une procédure longue et différente, ils essayaient de me monter contre l’autre, de m’acheter. J’étais petite et je tombais dans leur piège, en plus le truc qui n’arrangeait rien, ils bougent tout le temps pour leur boulot. Mon père est producteur, ma mère est décoratrice-scénographe. Durant mon enfance, j’ai beaucoup voyagé, ma garde a été confié à ma mère mais mon père a engagé des procédures pour m’avoir aussi. Résultat, j’ai beaucoup voyagé, j’ai vécu un an à Londres, avec ma mère pour une série pour laquelle elle a été engagée, puis mon père a réussi à choper ma garde et il m’a pris lorsqu’il est parti à Los Angeles tourner son prochain film. J’ai aussi été à Venise, Barcelone, Paris, Sydney, Boston. Je ne pouvais pas vraiment m’attacher aux gens parce que je repartais dans les mois qui suivaient. J’ai toujours parlé qu’anglais couramment, je n’avais pas le temps de rester dans un pays pour apprendre pleinement sa langue. Voyager c’est épuisant et il ne faut pas d’attache. La situation entre mes parents me faisaient souffrir, je me suis réfugié dans la nourriture, j’ai commencé à grossir, à être en surpoids, à chaque fois que j’entendais des cris, le chocolat était mon meilleur réconfort, je n’avais personne à qui parler, personne ne m’écoutait, tout le monde ne me prenait pas au sérieux. Tout ce que je demandais, c’était une famille normale, pas nomade. Je me lassais de prendre l’avion, faire des aller-retour entre les différents pays et mon pays d’origine pour aller la voir à Thanksgiving, Noël, les grandes vacances, je voulais une vraie vie. Ma prière a été exaucée quand j’eus 11 ans et que ma mère décidait de s’installer pleinement à Orlando, en Floride avec mon nouveau beau-père. Mon père n’était pas prêt à me laisser partir, dans le fond, je sais qu’il m’aime, mais je l’ai convaincu de le faire en lui faisant passer un compromis avec ma mère, il avait le droit à toutes les vacances. Une nouvelle perspective, une vie plus normal s’offrait à moi, si j’avais su…

THIS IS A STORY THAT I’VE NEVER TOLD. La phase de l’adolescence, la plus ingrate, la plus dur. A Orlando, je pensais vraiment que j’allais avoir des amis comme on voit dans les films. Des gens qui pourraient me comprendre. Des gens avec qui je serais liés jusqu’à la mort, on aurait fait les 400 coups ensemble, mais ça ne marche pas comme ça avec moi. Dès mon premier jour, je me suis sentie épiée, je me suis installée seule à une table pour manger mon déjeuner, personne n’est venue. Ca fait trois ans désormais et être seule, je ne me suis pas habituée. On avait bien essayé de me parler mais les gens étaient vite repartis dissuader par les autres, j’étais la différente, la timide, la grosse pas du tout populaire. J’étais mal dans ma peau, aller en sport et me changer devant les autres, c’était un véritable complexe, elles me dévisageaient, se moquer dans mon dos, j’avais trop de cuisses, trop de ventres, trop de seins. Quand mes parents me demandaient comment se passait l’école, je répondais toujours très bien, je leur inventais des amis imaginaires pour qu’ils puissent être rassurés, c’est tout ce que je voulais, qu’on me laisse tranquille. Dans le fond, j’aurais aimé qu’ils posent des questions, qu’ils s’interrogent, mais rien. Peut-être ne voulait-il pas le voir ? Je cachais mon mal-être, je foutais des fringues ample, je ne me faisais pas jolie, je passais mon temps à me cacher, j’étais la plante verte de la classe. Je n’espérais qu’une chose, passer au lycée pour que ce cauchemar se finisse. Je voulais qu’on me sorte de là. Je suis passée au lycée, rien n’a changé, il y avait la plupart des gens qui étaient là où j’étais avant. Chaque soir, je pleurais, c’était quasi quotidiennement, personne n’a rien dit. Mes voisins m’adoraient parce que je rendais service, ils me trouvaient adorable, mais personne de mon âge m’aimait. Au lycée, ça a été pire, on s’est foutu encore plus de ma gueule, la solitude me pesait, plus qu’on le pensait. Manger seule à la cantine, entendre les gens soupirer quand on devait se mettre en binôme, ou me laisser faire le boulot. Ils ne se rendaient pas compte à quel point leur moquerie, leur discriminations était en train de me détruire à petit feu. Plus on avance dans le temps, plus j’avais envie de me suicider, j’ai même voulu passer à l’action une fois mais ma mère est rentrée, je ne voulais pas qu’elle voit ça. Mes périodes où je décompressais complètement était lorsque je passais les vacances chez mon père, je réussissais à me faire des gens avec qui parler. Je n’exprimais pas mes points faibles, j’essayais de sourire, je m’échappais de mon quotidien. Je ne sais pas si c’est moi qui cloche, mais les gens m’appréciais bien, j’étais simplement la bonne copine mais on m’aimait bien pour ça. Ca me convenait, je me faisais des connaissances mais je n’ai jamais été réellement entourée. Retour au lycée, l’avant-dernière année, j’avais maigrie considérablement, je m’étais contrainte à faire un effort, j’avais pris de bonnes résolutions mais rien n’a changé. J’étais toujours rejetée, bien que je me suis fait draguer une fois par un nouveau mais il a préféré sa popularité, les gens ne me détestent pas tous mais ils suivent le mouvement sans trop se poser de question. La dernière année, j’avais hâte qu’elle se finisse avant même qu’elle est commencée. Une année de souffrance encore. Je passais le moins de temps possible en cours, je souffrais en silence, je continuais à subir les moqueries. Je baissais la tête, puis il y a eu ce jeune homme qui a changé mon quotidien, il s’agit de la première personne qui a osé s’afficher avec moi, qui a osé s’asseoir à ma table, qui a osé m’épauler, je pensais avoir trouver un ami, un confident, l’homme parfait, je me voyais avec lui, c’était nous contre le monde, je m’ouvrais doucement à lui et il ne prenait pas la fuite. Il m’aimait, j’en étais persuadé, on était fou amoureux l’un de l’autre, c’était censé durer toute la vie, c’est lui qui m’a sauvé de la solitude, il m’aidait à combattre mes peurs, il m’épaulait, ses mots me réconfortaient, ses gestes me faisaient l’aimer un peu plus. Lui et moi contre le monde, c’est ce qu’il me disait, quand ma mère l’a vu, elle était contente, elle l’a adoré, je l’aimais plus que tout, j’avais réussi à retrouver un peu le sourire, mais malheureusement les bonnes choses ont une fin. On a tous les deux était accepté dans les universités que je voulais, moi à Brown, à New-York et lui, à New-York aussi, on avait tout prévu, se prendre un appartement et tout, mais au final, ce n’est pas arrivé parce qu’un jour, un footballeur de mon lycée est venue me voir et s’est moqué de moi, je lui ai demandé de me laisser tranquille et il m’a avoué toute la vérité, notre histoire, c’était du flan, c’était un pari et il l’a gagné, j’ai vu toute sa haine pour moi et sa fierté de me détruire, je suis rentré chez moi, j’ai voulu tout exploser dans l’appartement, j’ai hurlé, j’ai pleuré et à la fin, j’ai pris un rasoir et je me suis ouvert les poignets, j’en ai marre qu’on me prenne pour une conne, qu’on ne me prenne pas en considération, je me suis fait quelques autres entailles. C’est lui qui m’a encore sauvé vu qu’il m’a vu inconsciente, je ne supporte pas la vue du sang. J’ai passé la nuit à l’hôpital, il m’ont fait un suivi psychologique, je n’ai rien lâchée même si on a senti mon mal-être, j’ai quand même tenu à partir à New-York en l’abandonnant lui et mes mauvais souvenirs. Au final, j’ai attéri à New-York, j’ai démarché pour trouver un petit boulot, je ne veux pas trop profiter de la fortune de mes parents, j’ai réussi à trouver un petit boulot dans un des starbuck, je travaille à temps partiels en plus de mes cours, c’est dur mais je gère, après tout, j’ai du mal à me faire des amis, je ne sors pas beaucoup, je me fais discrète, je ne me trouve pas intéressante, moche, inutile, comment je peux me lier avec quelqu’un sérieusement ? Lui, je l’ai revu mais on ne se parle plus, je l’ignore, je ne réponds pas à ses appels à ses messages, je veux tout oublier et me reconstruire. C'est mon secret et personne n'est au courant.