Dans le bar régnait une ambiance étrange. Loin de celle, plutôt bonne enfant, qui résidait dans son appartement. Quoique depuis quelques jours, l'ambiance chez les Hazelwood était plutôt électrique, voire parfois volcanique. Les disputes entre Joachim et Geoffroy se multipliaient chaque jours, si bien que le second avait finit par prendre l'habitude de ne rentrer que très tard le soir, à l'heure où tous les autres étaient déjà couché. Benedikt était en voyage d'étude il-ne-savait-trop-où et son absence commençait à se faire ressentir. Même si Aloysius s'entendait bien avec son aîné, il préférait prendre ses distances tant que la relation de ce dernier avec Geoffroy ne se serait améliorée. Ou tant que l'un d'eux ne se serait pas excusé. Il refusait d'être celui qui devait compter, refusait de devoir prendre le parti de l'un d'eux, alors il s'éloignait. Parfois, il proposait à Arizona de sortir un peu ; la jeune fille était plus simple qu'elle n'en donnait l'air et avec elle, le jeune étudiant n'avait pas l'impression d'être totalement invisible. Contrairement à tous les autres, elle ne voyait pas en lui le frère de quelqu'un mais bien qui il était. Ça le changeait et, dans le fond, ça lui faisait beaucoup de bien. Mais elle avait des cours et il devait parfois se résoudre à jouer cavalier seul. Pour la première fois de sa vie, son choix s'était tourné vers un bar de Brooklyn sans qu'il ne s'en aperçoive réellement. Jamais encore, il n'avait mis les pieds dans un bar. Des soirées oui, souvent lorsque ses frères l'y entraînaient ; des boîtes de nuit parfois, s'il ne trouvait pas d'argument pour décliner l'offre ; mais un bar ? Pas encore testé. Et le dicton disait qu'il y avait une première fois à tout.
Les rires gras de certains clients un peu éméchés lui parvenaient sans qu'il n'y prête une grande attention. En réalité, il restait bêtement devant la porte, gênant le passage des uns et des autres qui prenaient alors la directive de le bousculer, à apprécier l'ambiance qu'il y avait. La chaleur des lieux, les verres qui s'entrechoquaient, les commandes gueulées d'un bout à l'autre de la pièce et les rumeurs des conversations. Et par-dessous tout, la musique. Le jeune homme mit quelques instants avant de comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une station mais bien d'un artiste qui se produisait sur la petite scène, visible par l'ensemble des tables. Il s'approcha alors, profitant de sa silhouette menue pour se faufiler à travers les clients qui, comme lui quelques instants plus tôt, stagnaient au milieu du passage. S'il avait déjà eu l'occasion d'assister à des concerts sauvages, c'était la première fois qu'il voyait quelqu'un se produire dans un bar. C'était assez différent des spectacles de rue qui se tenaient parfois en Allemagne. Différent, mais non sans charme. Le chanteur avait cet avantage d'avoir une jolie voix et il paraissait se sentir à l'aise. Ce ne devait sûrement pas être son premier tour d'essai. Peut-être même avait-il déjà sorti un album ? Les nouveaux artistes étaient toujours plus nombreux et le jeune allemand avait depuis bien longtemps cessé de se tenir à jour. Il connaissait parfois quelques titres récents mais était souvent incapable de les associer avec un groupe ou un chanteur.
La musique terminée, il se joignait au reste des applaudissements. Certains sifflaient, criaient. Lui se contentait d'applaudir, admiratif du talent qui venait d'être dévoiler sous ses yeux. Il s'était essayé à la musique et avait essuyé un lamentable échec. Il ne possédait pas l'oreille musicale et avait été incapable de retenir la moindre note, alors il avait rapidement finit par abandonner. Son amour pour la musique restait toutefois intact.

Comme les conversations devenaient plus vives suite à l'absence de musique pour apaiser les âmes de chacun des clients, Aloysius lança un regard en direction du bar. Toutes les tables étaient prises mais quelques tabourets étaient encore libres au comptoir. Il s'y rendit mais, sans qu'il ne comprenne ou n'ait le temps de réagir, il se sentit presque partir en arrière. Il tint sur ses pieds et releva la tête alors qu'on s'adressait, semblait-il, à lui. Ah. Donc on venait de le bousculer. Ou quelque chose du même goût. Il eut un sourire rassurant. « Oh, pas de soucis, j'ai pas vraiment eu le temps de voir ce qui s'est passé. » Tendant l'oreille pour entendre distinctement ce qui lui était dit, il se tâta légèrement la poitrine et la tête avant de secouer celle-ci. « Pas d'inquiétude à avoir, je suis en un seul morceau. » Et ses sourcils se froncèrent alors qu'il lui semblait reconnaître le visage de celui qui l'avait heurté. « Hé, c'est pas toi qui vient de chanter ? T'assures vraiment ! Tu chantes très bien et t'avais l'air vachement à l'aise sur scène ! » Il était enthousiasme et son sourire s'était élargit en parvenant à se souvenir d'où il avait vu ce visage. Jamais encore, le jeune homme avait réellement eu l'occasion de parler avec des artistes, à part peut-être quelques étudiants de sa faculté ou des potes à ses frangins.

Parler avec une star, même si le jeune homme qui lui faisait face n'était pas tout à fait une célébrité, avait quelque chose d'agréable. C'était un peu comme le début de la gloire. De sa gloire à lui, Aloysius, petit frère de tous ces illustres Hazelwood populaires. Peut-être que le jeune chanteur deviendrait de plus en plus connu et qu'il finirait par sortir un album, vendre des dizaines de centaines de disques et devenir une célébrité mondiale. C'était, après tout, ce qui s'était passé pour bon nombre de chanteurs de rue. Parfois, il suffisait juste de se filmer et de publier la vidéo sur un site internet pour se faire connaître des internautes et se faire repérer. Le blondinet en avait entendu parler dans un documentaire qui était passé la veille à la télévision. Certes, il ne fallait pas s'attendre à obtenir la carrière de Céline Dion mais certains arrivaient tout de même à se faire un petit nom dans le monde du business. Suffisamment, du moins, pour financer une tournée à travers le pays, voire plus loin si on s'appelait Sam Tsui. Une youtuber amateur de covers qu'Aloysius admirait particulièrement. Un gars talentueux, un peu dans la même trempe que celui qui était monté sur scène, quelques instants plus tôt et qui faisait maintenant face à l'allemand. Celui-ci eut un sourire avant de hausser les épaules. « Oh t'inquiète, j'ai l'habitude. » De quoi très exactement ? Il préféra ne pas trop le préciser. L'habitude de se faire bousculer, l'habitude de se retrouver assis sur le sol, interloqué. L'habitude de se fêler une côte, un poignet ou bien une cheville à cause d'une simple bousculade. Il fit un pas en avant, les sourcils froncés, dans l'espoir de mieux entendre la voix de son interlocuteur. Oui, il s'agissait de celui qui venait de le subjuguer par sa voix. Mais non, il n'était pas aussi à l'aise qu'il lui en avait donné l'air. Aloysius leva le pouce dans un signe d'approbation. « Eh bien, tes potes ont bien fait. C'est pas que je m'y connaisse grand chose en musique, mais t'étais vraiment au top tout à l'heure. » Parce que s'il devait se comparer, il ne faisait aucun doute qu'il se serait ridiculiser avec une voix étranglée.
« Enchanté, moi c'est Aloysius. Mais tu peux m'appeler Aloys. » Les deux prénoms se ressemblaient, pouvaient se confondre. Était-ce seulement dû au hasard, ou fallait-il y voir un quelconque signe du destin ? Le cadet des Hazelwood l'ignorait et préférait ne pas trop y penser. C'est vrai qu'il était rare, pour lui, de croiser du monde avec un prénom assez semblable au sien, mais de là à commencer à croire en une force invisible qui aurait joué de leurs ressemblances patronymes... Il y avait un fossé que le jeune étudiant préférait ne pas enjambé. De toute façon, il n'en aurait sans doute pas eu la force, ni le courage. Il secoua la tête en réponse, en profita pour faire un signe au barman et se commander un coca light. Il préférait éviter l'alcool s'il n'y avait pas une personne responsable pour l'empêcher de déraper. Boire en solo n'avait rien d'amusant. « Qui ça ? Moi ? Oh non ! Ce serait un vrai désastre ! Je chante très faux et je déteste monter sur scène. Non, je suis simple spectateur. » Il attrapa son verre en tendant le bras et, d'un signe de tête, invita Louys à s'installer à une table libre. Quitte à parler, autant le faire confortablement. Le jeune homme traversa la foule en lançant un regard par-dessus son épaule pour vérifier si le jeune chanteur le suivait bien et il finit par s'installer à une table. « Tu t'étais déjà produit avant ? Sur scène ou sur youtube ou ailleurs, je veux dire ? » C'est que sa curieuse refait surface. Il souhaitait en profiter ; Louys lui parassait sympathique et avenant. Seul dans ce vaste bar inconnu, Aloysius voyait en ce jeune homme un moyen de s'ouvrir un peu davantage. Un moyen de s'éloigner de l'ombre dans laquelle il se dissimulait tout le temps.

Up in the air

Aloy' & Louys

C’était toujours agréable de se faire complimenter sur sa voix, son potentiel talent. Ok j’étais conscient d’avoir une voix correcte et agréable à entendre lorsque je chantais mais rien de plus. Le jeune homme avec qui je discutais semblait beaucoup plus enthousiaste que moi. Je souriais à ses compliments et passais ma main dans mes cheveux un peu gêné. Même si je m’étais réellement éclaté sur scène tout à l’heure… Je ne me sentais pas assez à l’aise pour m’en vanter ou en parler autour de moi. « Merci c’est sympa. » Je me présentais à lui et découvrais qu’il s’appelait Aloysius. Un prénom super original. « Ravi. » Je buvais une gorge de ma bière avant de l’interroger sur sa présence ici. Faisait-il parti des musiciens bourrés de talent et des futurs artistes qui attendaient qu’on les découvre ? Il me répondit n’être qu’un simple spectateur. Je souriais amusé par sa remarqué. « Je pensais aussi être un véritable désastre mais finalement ca n’a pas l’air si horrible que ça ! » Aloys m’invita à m’asseoir à une table. Pourquoi pas ? Je prenais mon verre et lui suivais. D’un sens il n’avait pas tord, quitte à discuter et faire connaissance autant que ce ne soit pas au milieu des autres clients et risquer une autre collision. J’avais fais mon quota de connerie pour la journée. Pas besoin d’en rajouter. Je manquais d’ailleurs de renverser une autre bière en allant jusqu’à la table. Ok j’avais compris. Ce soir j’étais un danger public qu’il fallait à tout prix éviter. Une fois installé, je secouais négativement la tête à sa question. « Oh mon dieu non ! » C’était sorti du cœur sans que je ne puisse le contrôler. Je souriais légèrement et me justifiais. « Enfin une fois ou deux dans les mêmes circonstances mais à chaque fois il faut me traîner de force sur scène. » Mes amis étaient toujours responsables. Et puis j’avais une vie bien trop remplie. « J’ai pas vraiment de temps à moi non plus… Et certainement pas assez de talent ! » Non sérieusement la plupart des types qui pensaient chanter se ridiculiser totalement sur youtube. On avait passé pas mal de temps avec mes amis à s’en moquer. Non merci. « Tu es New Yorkais ? » lui demandais-je en tentant de changer le sujet.
 

electric bird.

Au final, Louys n'était si différent de lui qu'Aloysius aurait pu le penser. L'étudiant en histoire s'aperçut que ses compliments, pourtant sincères et enthousiasmes, semblaient mettre mal à l'aise son interlocuteur et, bien que l'envie le tiraillait, il préféra ne pas trop insister et arrêta-là son attitude de groupie déchaîné. Poussant la réflexion, il en vint à se dire que c'était ce que devaient vivre Joachim et Geoffroy dès qu'ils mettaient le pied dehors et qu'une fille venait les accoster. Il sourit, peut-être encore un peu timidement, avant de rire nerveusement. « Crois-moi, si je dois chanter un jour, là, ce sera un désastre et tu verras vite la différence. Je ne chante même pas sous ma douche, mes frères me l'ont interdit. » Il avait toujours préféré prendre leurs menaces de lui coudre la bouche à la rigolade, sachant qu'aucun d'eux ne serait capable de s'en prendre à lui de cette manière-là, mais avait préféré suivre leur recommandation et cesser d'écouter de la musique tout en se lavant. De toute façon, il s'était déjà entendu chanter et avait lui-même été terrassé par le nombre de notes fausses qu'il avait pu accumuler en si peu de temps ; de quoi le vacciner contre l'envie de retenter un karaoké. Et le stopper dans son envie de chanter, même de temps en temps.
Tous deux se frayèrent un chemin jusqu'à une table proche et vide et l'allemand eut un fin soupire de soulagement en constatant qu'il était loin d'être le seul à être aussi maladroit. Mais, trop poli ou peut-être pas encore suffisamment à l'aise, il préféra ne faire aucune remarque sur la presque catastrophe qui avait faillit avoir lieu une nouvelle fois. Il avala une gorgée de sa boisson et fut un peu surpris par la vivacité de la réponse de Louys. Il s'était bien attendu à ce que ce dernier réponde par la négative, il ne semblait vraiment pas avoir confiance dans ses capacités, mais de là à s'exclamer de la sorte ? Pas vraiment. Malgré lui, Aloysius eut un large sourire et il secoua la tête. « Je comprends. C'est vrai qu'il faut avoir du cran pour monter sur scène, comme ça. Être le centre d'attention d'autant de personnes... » Sa voix avait légèrement baissé d'un ton alors qu'il s'apercevait du courage qu'il avait du falloir à Louys pour oser chanter sur scène. Il se conforta alors dans l'idée qu'il aurait été incapable de produire le moindre son et, pire encore, incapable de bouger pour fuir. Lui qui avait l'habitude de l'ombre et de l'indifférence. « T'es étudiant ? » La question lui avait échappé et il baissa la tête, marmonnant une faible excuse pour sa curiosité soudaine. C'était la remarque sur sa vie remplie qui l'avait intrigué ; il était étudiant et s'il était vrai qu'il passait du temps à la bibliothèque pour plancher sur ses examens, il avait toujours eu l'impression d'avoir trop de temps libre qu'il ne savait pas vraiment comment combler. Ses frères avaient leurs activités. Lui n'avait rien.
De nouveau, il secoua la tête. « Pas vraiment. Enfin, je vis à New York maintenant depuis quatre ans, mais je suis un outsider comme vous dîtes, je viens d'Allemagne en fait. Et toi ? T'as passé toute ta vie à New York ? » Dans un certain sens et dans une certaine mesure, parler ainsi, de tout et de rien et pouvoir faire la connaissance de quelqu'un par ses propres moyens le soulageait. Il se découvrait une presque aisance à parler avec un parfait inconnu, ce qui lui permettait de savoir qu'il était capable de s'en sortir, mais sans être entouré par ses frangins.

Vaguement embarrassé, Aloysius baissa la tête, le nez plissé et se frotta la nuque avant d'acquiescer à la pique légèrement moqueuse de son interlocuteur. Il avait tendu la perche, la réponse reçue n'était qu'une plaisanterie et ce fut sans doute pour cette raison qu'il ne lui vint même pas l'idée de s'en offusquer. Il releva la tête, écarquilla les yeux. « Oh oui, tu n'as même pas idée. » L'auto-dérision, ça le connaissait. S'il n'en était pas un gros amateur, il se connaissait bien trop pour ne pas passer à côté lorsque l'occasion se présentait. Et, comme il l'avait fait remarquer à Louys, ses talents inexistants de chanteur étaient une opportunité qu'il ne pouvait rater sous aucun prétexte. Il avait une voix qui s'étranglait dès qu'il lui fallait monter légèrement dans les aiguës et c'était sans parler de son incapacité à retenir les paroles. Sauf lorsqu'il s'agissait de l'allemand, mais dès qu'il devait chanter dans une autre langue, il prenait toujours le temps de réfléchir à la construction de la phrase, à sa grammaire et il se retrouvait incapable de prononcer la phrase dans son intégralité. Ou s'il le faisait, la chanson se terminait déjà sans qu'il n'ait eu le temps d'entamer le refrain. Oui, c'était un véritable désastre et mieux valait ne pas lui tendre un micro. Sauf si on voulait voir ses oreilles saigner, auquel cas, il était sans doute le plus à même d'exaucer les vœux.

Maintenant qu'ils étaient installés à une table, Aloysius tentait, tant bien que mal, de tenir une conversation autour de la possible carrière de Louys. Mais ce dernier lui apprit bien vite qu'il n'y en avait pas. Pour l'instant, d'après ce qu'il rajouta et, de nouveau, l'allemand acquiesça. « Si jamais tu sautes le pas, tu peux déjà être certain d'avoir un fan. » Le sourire qui vint étirer ses lèvres se trouva être des plus sincères avant qu'il ne rit de bon cœur, amusé par la remarque de Louys. Ainsi donc, le jeune homme aimait quand même être sur scène ; du moins, suffisamment pour garder le micro pour lui. « A ce point ? En même temps, quand on se sent à sa place quelque part, on a rarement envie d'en partir, après. » Même si Aloysius n'aurait pu jurer que cet adage puisqu'il n'arrivait pas à déterminer où se trouvait sa place. Raison pour laquelle il changeait de cursus universitaire pratiquement à chaque semestre. Il pensait que l'histoire lui suffirait mais il se découvrait, à présent, un intérêt sordide pour l'architecture et la décoration intérieure.
Il se surprit ensuite à poser la question suivante, à faire la conversation comme il ne l'avait encore jamais réellement tenue. Il sourit légèrement avant d'écarquiller les yeux. La profession de Louys était totalement aux antipodes de ce à quoi il aurait pu penser. « Ah oui, quand même. On est très loin du chanteur. T'as pas des horaires de fou, ça va ? » Il avait un peu de mal à réaliser que quelqu'un qui ne semblait pas plus vieux que lui puisse déjà travailler. Ce sentiment d'irréel venait sans doute du fait qu'ils devaient avoir le même âge mais que lui-même étudiait encore. Sans trop savoir dans quelle direction se diriger.

Le sujet changea, la question provenant, cette fois-ci, de Louys. Parler, même rapidement, de l'Allemand provoqua en Aloysius un sentiment de nostalgie intense. Son pays natal lui manquait par moment. Il n'avait pas à se plaindre de sa vie aux États-Unis, après tout, c'était aussi une partie de ses racines et il vivait avec ses frères, mais sa vie lui semblait plus posée là-bas, en Europe. Mais il savait qu'il était devenu trop risqué, maintenant, pour ses frangins et lui de retourner là-bas à cause de l'accident de voiture qu'ils avaient eu. « Ça change, oui. Je me suis habitué aux États-Unis, hein, mais... C'est pas pareil. Le plus difficile à été pour la nourriture, je crois. Ici tout est très gras, en Allemagne, on mange plus sainement. Et puis j'ai toujours eu des difficultés avec l'anglais donc les premiers temps, ça a été difficile, mais on s'y fait. » Il haussa les épaules, presque avec désinvolture avant de retourner la question au jeune homme. Avec surprise, il apprit que les parents de ce dernier travaillaient dans l'humanitaire et qu'il avait donc pas mal voyagé. Il resta quelques secondes, bouche ouverte, surpris et émerveillé en même temps. « Sérieux ? T'as visité pas mal de pays du coup, je suppose ? C'était pas trop difficile ? Je sais que c'est le rêve de pas mal de monde de voyager, tout ça, mais ça doit être dur, non ? On n'a pas trop de racine... Excuse-moi si mes questions sont personnelles, quand je deviens curieux, je ne fais pas semblant de l'être... » Il esquissa une grimace désolée et avala une gorgée de sa bière. Étrangement, il n'avait jamais réellement voulu voyager. Peut-être pendant un temps, plus jeune, mais ça lui était vite passé. Il avait toujours aimé l'Allemagne, même s'il s'y sentait incroyablement seul.