J'étais enfin libre, depuis quelques jours, j'étais libre. Plus de murs blancs aseptisé, plus de réunion de junkies, plus de question sur ton passé, ton présent, ton futur, plus de débat sur les méfaits de la drogue, plus de lavage de cerveaux, plus de médecin, plus d'heure pour manger, se lever, regarder la télé. Je renouais avec le monde extérieur, aussi noir soit-il, je l'aimais. Je n'avais plus envie de me plaindre du bus qui arrive en retard, ou de l'affluence de gens dans le métro, non je ne me plaindrais plus du monde extérieur parce qu'au moins, il est réel. J'avais eu l'impression d'avoir été mis en boîte pendant un mois, d'avoir été mis dans un monde parallèle ou tout est toujours calme, doux, beau. Trop beau, tout le temps. Les gens étaient trop calmes, et te disaient toujours que tout allait bien. Non ça n'allait pas bien, la vie n'est pas belle, alors arrêtez de mentir. Mon sevrage avait été long, et compliqué, malgré les infimes doses qu'ils me prescrivaient pour attenter les états de manque, il était toujours là, et j'avais fait plusieurs énormes crises, j'étais malade, j'avais l'impression que mon corps hurlait pour qu'on lui donne quelque chose, je faisais de grosses montées de fièvre, avec des sueurs froides, j'avais mal partout. C'était le début le plus difficile, les effets se sont atténués au fil des semaines. J'avais préféré ne pas raconter à Amélia les difficultés que j'avais à m'en sortir pendant les rares coups de fils que j'avais le droit de lui envoyer. Je lui disais que je gérais, et j'avais géré, c'est vrai, j'avais réussi à m'en sortir. Je devais toujours voir un toxicologue régulièrement, mais j'étais sevré. Et on m'avait donc remis dans le monde extérieur, froid, et triste. Amelia avait perdu son meilleur ami, et je ne l'avais jamais vu aussi mal, même à l'hôpital, même quand sa maladie la rongeait littéralement, elle n'était pas si désespéré. Elle allait mal, et répétait que tout allait bien, alors avec Nina on s'évertuait à lui changer les idées, ce n'était pas aisé mais on essayait du mieux qu'on pouvait. Je savais exactement ce que c'était de perdre quelqu'un qu'on aime plus que tout, le voir mourir, savoir cette personne six pieds sous terre, en étant impuissant. Cassyopée était toujours dans mes pensées, alors oui je savais que ça allait être difficile pour elle, j'espérais juste que ça irait. Elle me faisait peur, elle était devenu hyper-active, mais elle ne parlait jamais de ce qui lui faisait mal, j'attendais le moment ou elle exploserait, j'avais vraiment peur pour elle.. Je dormais profondément quand mon téléphone sonna, je vis le numéro de Nina s'afficher, je décrochais tout de suite. Elle m'expliqua qu'Amy était en train de déraper, elle avait voulu l'emmener s'amuser en boîte de nuit et elle n'arrivait plus à la gérer. Je lui répondis que j'arrivais au plus vite, sachant mon téléphone et enfiler des fringues. Je partais en toute hâte, et marchais vers la dite boîte de nuit, je mis plusieurs minutes, évidement les transports en communs étaient inexistants à cette heure-ci, alors je hâtais le pas. Je me demandais dans quel état j'allais retrouver Amy, la voir comme ça me faisait énormément de mal, je ne pouvais rien faire pour lui rendre l'épreuve moins pesante.
J'entrais enfin dans la boîte de nuit, et elle me vit tout de suite, elle accouru -tituba- vers moi et se jeta -s'effondra- dans mes bras. Te voilà enfin ! Je la serrais un peu contre moi pour ne pas qu'elle perde l'équilibre, et elle m'embrassa passionnément. Son haleine était chargé d'alcool, et vue son état elle n'en était pas qu'à son premier verre. Je n'avais jamais vue Amy comme ça.. J'entendis quelque réflexion des hommes autour de nous, visiblement je n'étais pas le bien venu, comme si ils avaient espéré quelque chose d'ami, non sérieusement elle tiens à peine debout, ils attendaient quoi? Viens on va danser. elle attrapa ma main et m'embrassa une nouvelle fois, mais je pense qu'elle compris rapidement que je n'avais pas envie de m'amuser.  Amy.. tu crois pas qu'on devrait rentrer?  la voir comme ça me rendait profondément triste, elle n'avait jamais été du genre à boire, et à se donner en spectacle comme ça, ce n'était pas elle, elle cherchait juste à noyer son chagrin et j'étais bien placé pour savoir que ce n'était pas une bonne idée. Je m'inquiétais vraiment pour elle, si elle continuait à boire comme ça elle se rendrait malade, je ne savais même pas si elle suivait encore un traitement ou pas. Je croisais le regard de Nina qui me lança une moue désolée, j'haussais les épaules en guise de réponse. Je ne voulais pas brusquer Amy et l'obliger à rentrer, j'espérais que je n'aurais pas à le faire en tout cas.

Je ne pouvais pas juger Amélia, j'avais été dans sa situation et elle s'en sortais déjà dix-millions de fois mieux que moi, du moins on n'avait pas encore eu à l'emmener à l'hôpital, et elle avait l'air de savoir encore parler. Ce qui était une bonne chose, certes, mais son état était loin d'être rassurant. En fait, on essayait de ne pas lui laisser le temps de déprimer mais la laisser librement noyer son chagrin dans l'alcool n'était peut-être pas la meilleure solution non plus.. Elle semblait loin de la réalité, mais je en savais que trop bien que plus on s'éloigne de ce qui nous fait mal, plus on à du mal à faire face le lendemain. Elle était pleine d'énergie, rien ne la touchait,elle était comme dans un autre monde. Peut-être que ça lui faisait du bien de se défouler, franchement c'est difficile de dire ce qui est bon ou non pour elle en ce moment, on réagis tous très différemment à la perte d'un être cher, mais je savais qu'Amy était assez forte pour surmonter ça, mais Nina et moi ne savions juste pas combien de temps ça allait prendre.. Je préférais sortir Amy d'ici, premièrement parce que je détestais la manière dont les autres hommes la regardait, et deuxièmement parce que je ne voulais pas lui laisser l'occasion de continuer à boire, elle doit certainement toujours prendre des médicaments et je n'avais pas envie qu'elle se retrouve hospitalisée à cause d'un mauvais mélange. Et je savais que si on restait, elle aurait redemandé un verre et on aurait eu du mal à l'en dissuader. Alors j'espérais vraiment qu'elle accepterait ma requête. Sa réaction me déconcerta, je pensais devoir affronter un refus catégorique, mais au lieu de ça elle eu l'air plutôt contente de partir. Je fronçais légèrement les sourcils devant son enthousiasme qui devait cacher quelque chose, puis compris en voyant son regard. D'accord. sa voix et ses yeux étaient rempli de sous-entendu, je n'avais jamais vu Amélia comme ça et j'étais légèrement dérouté. Je cherchais du soutiens dans le regard de Nina, mais évidement elle me laissa me débrouiller seul. Je me laissais donc entraîner à l'extérieur par ma petite amie qui n'avait qu'une envie à présent, rentrer. Dehors, elle sortit ses clés, prétendant que je n'aurais le droit de les avoirs que si je l'embrassais, en fait c'est elle qui finit par me sauter au coup, et me donna ses clés sans m'en demander plus. Je n'arrivais pas à me réjouir de la situation, mais bordel ce que ça faisait de bien de l'embrasser et de la serrer dans mes bras. Elle m'avait manqué pendant ce fichu mois, j'aurais aimé avoir le droit de la voir, ç'aurait peut-être été moins difficile, si j'avais au moins pu ne serait-ce que la serrer dans mes bras une fois.. Mais ce soir elle était là, et je devais m'occuper d'elle.
La montée des escaliers de son immeuble fut périlleuse, je du l'aider plusieurs fois pour ne pas qu'elle rate de marche et ne s'effondre. Arrivé devant son appartement, j'ouvris la porte, elle était toujours chancelante et enjouée, je ne partageais pas son euphorie mais elle me faisait tout de même rire parfois, je vous assure que voir quelqu'un qui ne bois jamais complètement ivre c'est risible! Alors qu'on entrait enfin, Amy se déchaussa puis se mis à ranger ses chaussures, qui pense à ranger ses chaussures dans un tel moment? Je regardais la scène en souriant, mais elle perdit l'équilibre ce qui me sortit brutalement de ma contemplation, en un rien de temps je me retrouvais plaqué contre un mur, Amélia m'embrassant fougueusement. Mon coeur s'accéléra, ça faisait un mois que je n'avais plus eu de moment privilégié avec elle, un mois que je en l'avais pas eu contre moi de cette façon, alors je sentais le désir naître en moi à mesure qu'il devenait incontrôlable chez elle. Mais je me raisonnais, je ne pouvais pas, je ne voulais pas que nos retrouvailles se fassent de la sorte, elle était à peine consciente de ce qu'elle faisait, ce n'était pas elle mais l'alcool et la tristesse qui la faisaient agir comme ça. Elle passa ses mains sous mon t-shirt, ce contact me fit légèrement frissonner -surtout qu'elle avait les mains gelées- mais j'essayais de rester stoïque, dans la mesure du possible. Voyant que je ne cédais pas à son manège, elle se déshabilla, m'embrassant de plus belle. Je vous mentirez si à ce moment là je disais que je ne la désirais pas, au contraire, mon corps entier ne demandait qu'elle, mon rythme cardiaque s'emballait, et mes mains se posaient sur ses hanches. Je la soulevais, et elle encercla ma taille de ses jambes, je la portais ainsi jusqu'à sa chambre, ne cessant de l'embrasser. Je l'allongeais sur son lit, et reprenait mon souffle, j'étais au dessus d'elle, nos visages si proche que je sentais son souffle chargé d'alcool contre ma peau Amy.. C'est pas une bonne idée.. soufflais-je, alors que je parvenais à capter son regard. Non, non je ne pouvais pas faire ça. Pas que je ne veuille pas d'elle non, je ne voulais juste pas qu'elle regrette.

Je savais que c'était une mauvaise idée, ce n'était vraiment pas le moment. Amelia n'était pas dans son état normal, et je ne voulais rien faire sans qu'elle sot à cent pour cent maître de ses décisions ce qui n'était définitivement pas le cas ce soir. Ce n'est pas elle qui agissait, mais l'alcool qui coulait dans ses veines qui lui faisait perdre la raison. Je ne pouvais pas lui en vouloir d'avoir bu, et je ne pouvais pas non plus lui en vouloir d'agir comme ça, non je devais juste être raisonnable à sa place, et pour quelqu'un qui n'a jamais été raisonnable de sa vie je vous assure que c'est pas chose aisée. Je ne pouvais pas nier que j'avais irrésistiblement envie d'elle, on m'avait empêché de la voir pendant un long mois durant lequel j'avais vécu des moments très difficiles, et maintenant qu'elle était enfin là, devant moi, et nue qui plus est, je n'avais toujours pas le droit de céder. Pourtant, tout mes sens étaient en alerte, son souffle dans mon coups, le goût -légèrement alcoolisé- de ses lèvres, sa peau sous mes mains, mon coeur battait la chamade et l'excitation était palpable. J'avais cependant réussi à réfréner mes envies en l'allongeant sur le lit, et lui avait soufflé que ce n'était pas une bonne idée. Ça moue triste m'en dit long sur sa déception, et elle protesta d'un Mais... pourtant pas très convaincant, elle savait que j'avais raison. Elle enleva quand même mon t-shirt, je la laissais faire, mais ne réagissait plus. Je savais que je lui avais manqué aussi, et qu'elle avait certainement envie de me retrouver elle aussi, au moins autant que j'avais envie de la retrouver, de profiter d'un moment à nous, mais ce soir n'était pas le bon moment, elle ne se souviendra certainement même plus demain matin de ce qu'elle a fait durant la nuit, alors je devais couper court à ses intentions. Elle fini par comprendre qu'elle n'obtiendrait plus rien, et me poussa pour s'asseoir sur moi. Elle plaça sa main sur sa tempe et grimaça, elle n'avait pas l'air d'aller bien, mon coeur se retrouvait serré dans un étaux, j'avais l'impression d'être horriblement inutile. J'aurais tout donné pour lui rendre sa peine moins douloureuse, et pour ne pas qu'elle ai à se mettre dans de tels états pour oublier, au moins l'espace d'une soirée ce qu'elle traversait. Mais je ne pouvais rien faire, et ça me rendait malade. Elle fini par m'embrasser, je caressais légèrement sa joue en prolongeant le baiser. Avoir été privé de ses baisers pendant un mois ne me faisait qu'apprécier encore plus ces moments là. Je t'aime. Bien qu'ivre, ses paroles paraissaient sincères. Sa me faisait tellement de bien de l'entendre. Je l'aimais aussi, je l'aimais plus que tout d'ailleurs et après avoir eu l'impression de la perdre définitivement à cause de ma toxicomanie, l'entendre me dire qu'elle m'aimait était rassurant. Elle finit par s'allonger en blottissant sa tête contre mon épaule, et attrapa l'une de mes mains. Tu m'aimes comment? je laissais glisser les doigts de ma main libre contre son dos, et souriais légèrement à sa question. Elle l'avait formulé d'un air si innocent, presque enfantin. Je t'aime plus que n'importe qui sur cette terre.. littéralement parlant. Je l'avais chuchoté, comme une confession secrète. Elle ne se souviendrait certainement pas de ma réponse demain matin de toute façon. Mais c'était vrai, elle était la personne à qui je tenais le plus, mes parents me détestaient et c'était réciproque, je n'avais pas d'amis d'enfance, quant à Clélia et Jules, je leur portais un amour différent, fort, mais différent. Amelia, c'était elle qui m'avait sauvé, elle qui m'avait redonné une raison d'être, c'est grâce à elle que j'ai recommencé à vivre, après avoir passé tout ces mois, ces années, à ne faire que survivre.  Reste avec moi.. souffla-t-elle, tristement, comme une supplication. Je resserrais légèrement mon étreinte, comme pour lui montrer que j'étais toujours là, que je n'irais nul part, et déposait un bisou sur son front. Je suis là.. la rassurais-je, continuant de faire glisser mes doigts, lentement contre sa peau jusqu'à ce qu'elle ne s'endorme. J'étais incapable de m'endormir à mon tour, je la regardais, j'écoutais sa respiration, elle semblait apaisée, enfin. J'aurais tant aimé pouvoir la protéger de la mort d'un proche, je sais que c'est l'une des pires choses à laquelle un être humain doit faire face, et j'aurais vraiment aimé qu'elle n'ai jamais à subir ça, elle se battait déjà assez chaque jour pour rester en vie, elle n'avait pas besoin d'être accablé par la mort, c'était injuste. Pourquoi c'était toujours les personnes les plus courageuses sur qui le sort s'acharnait? Comme pour tester leur résistance. C'était injuste.

Le bruit de l'eau coulant dans la douche me réveilla. Sortant de ma torpeur matinale, je compris très vite qu'Amélia n'était plus à mes cotés dans le lit, et qu'elle était en train de prendre sa douche. Me rappelant l'état dans lequel elle s'était endormie, je n'imaginais qu'à peine son état de ce matin. Je décidais de lui laisser un moment seule, elle en avait besoin, elle avait besoin de se réveiller, de reprendre ses esprits, et de se rendre compte de ce à quoi elle doit faire face. Je savais que ça allait être difficile pour elle, qu'elle y penserait chaque jour de sa vie, que dans deux ans la douleur serait toujours aussi vive, que parfois elle aura envie d'aller lui parler et qu'elle se rappèlera qu'il ne pourra plus la conseiller, qu'elle voudra l'entendre rire mais que le seul son qu'elle pourra entendre sortira tout droit de son imagination et de ses souvenirs. Cassyopée était toujours présente avec moi, tout le temps, elle était là chaque jour de ma vie, et elle me manquait toujours aussi horriblement. J'inspirais profondément, en frottant mon visage et mes yeux. Si j'avais un moyen de lui enlever toute cette douleur, je le ferais sans hésiter une seule seconde, mais c'était impossible, tout ce que je pouvais faire s'était l'épauler, et elle était bien plus résistante que moi alors j'avais confiance en elle, je savais qu'elle pouvait aller de l'avant. Seulement il fallait qu'elle admette ce qui était en train de lui arriver, et pour l'instant, elle faisait comme si la réalité n'existait pas, et ça m'inquiétait. Je savais pertinemment qu'on avait tous une façon différente de passer à travers les épreuves, surtout le deuil, mais le fait de refuser la réalité ne faisait que retarder l'échéance, retarder le jour où tout lui retombera dessus. C'est ce que j'avais fait, retarder l'échéance, j'avais arrêté de parler, de manger, de dormir, je me laissais mourir pour fuir ce que je vivais, et c'est définitivement pas une solution. Au bout de plusieurs minutes sans entendre de bruit au travers de la porte de la salle de bain, je finis par m'inquiéter et me décidai à me lever pour voir ce qu'Amélia faisait. Je m'avançai vers la porte fermée et toquai tout doucement Amy? aucune réponse, je m'y attendais un peu. J'ouvrais la porte doucement, au cas où elle y serait adossé. Et j'avais eu raison, je la retrouvais, assise par terre, le visage vide, les traits tirés par la fatigue et la tristesse. Mon coeur se brisa, je refermais la porte et m'asseyais à côté d'elle, en la prenant dans mes bras, elle avait l'air vidé de toute énergie, de toute émotion, de toute volonté. Mon coeur était serré dans un étaux, je caressais ses cheveux dans un geste qui se voulait réconfortant Amy.. je suis là.. Je me sentais horriblement inutile, mais je voulais être là pour elle comme elle l'a été pour moi. Amelia représentait tout ce qui me maintenant en vie sur cette terre avec Jules et Clélia, jamais ô grand jamais je ne pourrais la laisser seule. Mais je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas comment l'aider. Amy.. il faut que tu me parles, tu as le droit d'être énervée tu sais, d'être énervée, triste, d'en vouloir au monde entier, c'est normal, mais parle moi je t'en pris.. je chuchotais presque, je ne voulais pas la braquer, seulement la faire parler. Il ne fallait pas qu'elle s'enterre dans un mutisme inébranlable comme je l'avais fait, je ne voulais pas qu'elle se renferme sur elle même et qu'elle pense devoir surmonter ça toute seule. Elle n'était pas toute seule. Elle m'avait sauvé la vie, à moi de rendre la sienne moins douloureuse.

Amy était dans mes bras, terrassée par la tristesse. Je me sentais tellement impuissant, incapable d'apaiser sa douleur. Mais je n'avais jamais réussit à éteindre la douleur qui m'animait, ou plutôt me tuait depuis deux ans maintenant, alors comment faire pour aider quelqu'un d'autre? Je voulais tellement l'aider, j'avais envie de la revoir sourire, aller bien, elle méritait tellement d'aller bien, elle s'était battu toute sa vie pour rester en vie et tout ça en gardant toujours le sourire, alors pourquoi le sort s'acharnait sur elle? C'était injuste.  J’ai mal à la tête. ça ne m'étonnait pas, avec ce qu'elle avait dû ingurgiter hier sa tête devait sonner comme un orchestre désaccordé aujourd'hui. Vraiment très mal. Je lui lançais un sourire sans joie, les lendemains de soirée je connaissais ça, j'en avais tellement partagé avec Jules, lui aussi heureusement qu'il était là. Je continuais à passer mes doigts dans ses cheveux, pour la rassurer. La seule personne avec qui j’ai envie de parler de la mort … d’Evald c’est lui.. Je la comprenais, je la comprenais tellement, si je m'étais tue si longtemps c'est que la seule personne avec qui je voulais parler était Cassyopée, aucune autre personne ne méritait que me force à parler, les mots faisaient trop mal. Je la serrais un peu plus contre moi, je la comprenais tant. Et c'est parce que je la comprenais que je ne voulais pas qu'elle ressente ça. Je ne lui en voulais pas de ressentir le besoin de ne parler qu'à Evald, au contraire mais je savais aussi que je ne devais pas la laisser seule, elle souffrirait d'autant plus. Jamais je ne la laisserais tomber aussi bas que je suis tomber, jamais je n'accepterais qu'elle ai l'impression de traverser tout ça seule. Je t’aime. je posais mes yeux sur elle puis laissais un baiser sur son front, au moins elle ne me repoussait pas, c'était un bon début. Amelia avait une force mentale que je lui enviait énormément, je ne doutais pas une seule seconde qu'elle saurait faire face. Je t'aime aussi. sa tête finit par se poser contre le mur derrière elle, je ne la quittais pas des yeux bien que l'image de son visage trahissant tant de tristesse me brisait le coeur. Je dois être un extraterrestre.   Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir. J’ai envie de pleurer, de hurler,… Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Ce n’est pas moi. J’ai juste envie de me changer les idées. Jusqu’à ce que je sois prête… Elle s'effondra en larmes, mon coeur se déchira de toute part, je la pris dans mes bras pour tenter de la calmer, mais je ne dis rien pendant plusieurs minutes, elle avait besoin de pleurer, d'évacuer sa peine et sa colère. Elle avait le droit d'être triste, le droit qu'on prenne soin d'elle pour une fois, qu'elle soit le centre de toute attention. Ses larmes ne cessaient pas, elle arrivait à peine à respirer entre deux sanglots. Sht.. mon ange.. ça va aller.. Je me redressais pour m'asseoir juste devant elle, et je passais mes pouces sur les joues de ma copine pour sécher ses larmes et l'obliger à me regarder. Ça sert à rien d'attendre le moment où tu te sentiras prête à encaisser ça, parce que crois moi ce jour n'arrive jamais, on est jamais préparé à une telle chose, si tu attends, tu ne feras que retarder l'échéance et tomber d'encore plus haut.. Je sais que tu en as marre que tout le monde te dise que ça ira alors que tu as l'impression que ton monde est en train de s'effondrer peu à peu, et je sais aussi que tu en as marre que les gens te disent qu'ils te comprennent alors que tu as l'impression que personne peut intégrer ce que tu ressens mais.. Je me stoppais pour la prendre de nouveau dans mes bras je voulais vraiment qu'elle sente qu'elle n'avait pas à affronter ça seule Viens.. Mais il faut que tu saches que je te comprend vraiment.. Moi aussi mon monde s'est effondré.. Il y a deux ans de ça. Je ne savais pas vraiment comment amener ça, je savais que c'était une énorme partie de moi que j'allais lui dévoiler, j'espérais qu'en faisant ça elle se rende compte que je la comprenais vraiment et qu'elle pouvait me parler. Elle s'appelait Cassyopée, je crois que c'est la toute première personne que j'ai jamais aimé, elle était haute comme trois pommes que je savais qu'elle serait la femme de ma vie.. C'était ma petite soeur, le seul membre de ma famille qui semblait en avoir quelque chose à faire de moi. Et un jour.. un jour on est parti tous les deux faire quelques courses, elle s'amusait à monter sur mon skate, puis j'ai fait un malaise en plein milieu de la route, elle a courut vers moi, puis une voiture nous a percuté.. elle allait fêter son huitième anniversaire.. ma gorge était serrée, j'avais le coeur comme dans un étaux mais je devais être fort, je n'avais pas le droit de craquer cette fois. Puis j'ai arrêté de parler, pendant plus de six mois je n'ai plus ouvert la bouche, je mangeais plus, je ne dormais plus, je n'avais plus aucune raison de vivre, mes parents me détestaient, ma mère a décidé de m'expulser de chez moi, c'est pour ça que je me suis retrouvé ici, sur un autre continent, puis je suis devenu la personne que tu as connu la première fois qu'on s'est vu à l'hôpital, et depuis que je te connais j'ai remonté la pente, ça n'a pas toujours été facile mais aujourd'hui je suis là, et je peux te dire que ça ira.. Parce que jamais je te laisserais te sentir seule, jamais je ne te laisserais croire que tu n'as plus de raison d'être, je serais là quoi qu'il arrive, je te laisserais pas tomber Amélia. Je sais que tu es assez forte pour faire face à tout ça.. Je la serrais un peu plus dans mes bras, j'avais foi en elle, je savais qu'elle irait mieux, qu'elle ne sombrerait pas comme je l'avais fait. C'était normal qu'elle aille mal pour l'instant, c'était normal qu'elle pleure, qu'elle souffre, je ne voulais simplement pas que cet état reste pendant des mois, et je suis certain qu'Evald non plus ne serait pas d'accord. T'es la personne la plus forte que je connaisse Amy, ça ira je te le promet.. soufflais-je finalement.

C'était tellement difficile de voir Amy si triste, et de se sentir si impuissant. Je ne pouvais pas lui ramener Evald, je devais simplement l'aider à aller mieux seulement je savais que pour le moment, quoi que je fasse, elle ne pourra pas penser à autre chose. Je me souvenais de cette plaie béante que j'avais ressentie dans ma poitrine pendant des mois après la mort de Cassyopée. Je savais que rien ne pourrait combler le vide qu'elle ressent en elle, rien n'efface la douleur de la perte d'un être cher, mais je pouvais rendre sa peine plus supportable en restant avec elle et la soutenant, c'est ce que j'allais faire. Elle pleurait, Amelia était le genre de personne qui ne pleure jamais et qui veut faire croire à tout le monde que rien ne peut l'atteindre, mais aujourd'hui elle était à terre et ça me brisait le coeur. La voir ainsi me déchirait littéralement de l'intérieur, mais je voulais la soutenir, je voulais qu'elle sache que j'étais là, à ses côtés. Je voulais toujours être avec elle, dans les bons moments pour l'entendre rire mais aussi dans les moments difficiles comme celui si pour la soutenir, la réconforter et la serrer dans mes bras. Je la sentais sangloter contre moi, sa tête contre mon torse, ses mains serrant les miennes, j'espérais que ce contact la réconfortait, je sais que c'est ce que j'aurai voulu lorsque Cassie est morte, un contact rassurant. Je finis par me confier, par lui dire que j'avais perdu ma petite soeur comme elle avait perdu Evald, et de ce fait je comprenais toute la douleur qu'elle ressentais aujourd'hui.  Je suis désolé. murmura-t-elle au moment où j'expliquais que ma petite soeur était décédée. Tu n’es pas responsable. évidemment que si, j'étais responsable, j'étais le seul responsable de la mort de Cassie, je devais faire attention à elle et j'ai échoué. Mais les paroles d'Amelia me serrèrent le coeur, l'une des principales raisons pour lesquelles je n'arrive pas à raconter la mort de ma soeur c'est parce que je me sens horriblement responsable et j'avais peur d'être jugé. Mais Amy ne me jugeait pas au contraire. Je lui expliquais ensuite que ma mère m'avait expulsé de chez moi, et c'était ainsi que j'étais devenu la personne qu'elle avait connu à l'hôpital. La personne qui m’a sauvé la vie. Un frisson me parcouru le corps, et mon coeur se serra de plus belle. Ce qu'elle venait de dire me transperça. C'est elle qui m'a sauvé la vie, c'est elle qui m'a redonné une raison valable de me lever le matin, c'est grâce à elle que j'avais arrêté de m'auto-détruire. Sa phrase résonna dans mes tympans encore et encore, j'étais réellement touché qu'elle pense ça. C'est toi qui m'a sauvé la vie, qui était là à chaque fois que je déraillais et que je me retrouvais à l'hôpital.. Mon ange gardien. chuchotais-je dans un timide sourire en déposant un bisous sur son front. Je lui avouais ensuite qu'elle était la personne la plus forte que je connaissais, et je le pensais réellement. Je l'avais vu traverser des épreuves, et prendre soin de moi alors que je devais être la personne qui méritait le moins son attention. Mais j'avais tellement eu besoin d'elle, quand je venais dans sa chambre et que je faisais l'imbécile avec n'importe quoi, juste pour la voir sourire, si elle savait que son sourire était l'unique raison grâce à laquelle j'étais encore en vie aujourd'hui! Peut-être que j’en ai seulement l’air… C’est tout. Je ne suis pas plus forte que toi ou que qui que ce soit. je fronçais les sourcils en la regardant Tu dis ça à quelqu'un qui a essayé de se tuer plus de fois que tu ne t'es pris de cuites dans ta vie.. Au jeux du looser, je gagne le game déclarais-je d'un air faussement fier. Vaut mieux en rire qu'en pleurer n'est-ce pas? Si tu es là, ca finira toujours par s’arranger… Merci. Merci d’être là.   Je caressais une nouvelle fois ses cheveux en la regardant amoureusement, oui j'étais irréfutablement et totalement amoureux d'elle. J’ai besoin de toi. Je passais ma main sur sa joue en la regardant dans les yeux puis je l'embrassais délicatement. Je serais toujours là pour toi Amy. soufflais-je, en plongeant mon regard dans le siens. Je n'avais aucune envie d'aimer quelqu'un d'autre, de rencontrer quelqu'un d'autre, d'être avec quelqu'un d'autre. Non c'était Amelia que je voulais, pour toujours. Ensemble pour toujours, je t'en fais la promesse.  ajoutais-je, avant de l'embrasser une nouvelle fois, comme pour sceller cette promesse. Je ne faisais jamais de promesse, jamais, à moins d'être certain de pouvoir la tenir. Et aujourd'hui, je pouvais assurément promettre que jamais je n'abandonnerai Amelia.

Tout ce que je voulais c'est voir Amelia heureuse de nouveau. Même si pour ça je devais faire l'idiot pendant des semaines avant qu'elle ne décroche un sourire, j'avais besoin de la voir aller bien. On avait vécu beaucoup de choses ensemble, des épreuves difficiles, liées à sa maladie ou à mon instabilité psychologique. Ces épreuves n'ont fait que nous rapprocher, et renforcer notre lien, même si paradoxalement, ma dernière rechute avait bien faillit nous séparer définitivement. Mais ça n'était pas arrivé, alors je préfère chasser cette idée de ma tête, elle était toujours là à mes côtés, et restait malgré la difficulté que cela représentait d'être avec moi. Pour ça je ne pourrais jamais assez la remercier, je me rend très bien compte à quel point ça doit être difficile de devoir me supporter parfois, et c'est pourquoi aujourd'hui j'étais prêt à tout pour la voir aller mieux, je lui devait au moins ça. Elle m'avait avoué que je lui avait sauvé la vie, ces paroles m'allèrent droit au coeur, je n'avais jamais eu l'impression de faire quoi que ce soit pour elle, à part l'aimer et être là, je ne pensais pas que je lui avais été d'une aide si précieuse et j'avais encore du mal à l'imaginer, c'est pourquoi je la serrais un peu plus contre moi, profondément touché par ses paroles. Je serais toujours là pour elle j'en étais certain, je n'imaginais pas une seule seconde pouvoir avancer sans elle, elle me complétait, j'avais besoin d'elle. Elle m'embrassa une nouvelle fois, provoquant toujours en moi ce déferlement d'émotions, de sensations qui tourbillonnaient dans ma poitrine. Je ne me lasserais jamais du goût de ses lèvres. On veille l’un sur l’autre. murmura-t-elle, et ce depuis qu'on se connaît. Quand je ne trouvais pas Amelia à l'hôpital, j'avais toujours cette hantise de demander à une infirmière si elle était là, et qu'on me réponde que sa maladie avait eu raison d'elle. Quand j'étais là-bas, elle était la première personne que je pensais aller voir, qu'importe les examens que je devais passer ou les rendez-vous auxquels je devais aller, je devais la voir. A cette époque là, elle m'intimidait, j'avais l'air d'un collégien vraiment, mais elle m'intimidait vraiment, alors je faisais l'idiot. Ça la faisait rire, c'était tout ce qui m'importait. Si à ce moment là on m'avait dit qu'elle serait finalement ma petite amie, j'aurais ris, en disant qu'elle était beaucoup trop bien pour moi. Elle était bien trop forte pour s'intéresser à un loser comme moi. Et pourtant.. Mouais. Dis ça aux marteaux piqueurs qui me torturent sans répits. C’est ca une cuite… Je déteste. Je riais, amusé. Je savais ce qu'elle vivait, des cuites je m'en étais pris plus d'une, et la voir s'en plaindre était quand même assez drôle.  Je finis par l'entourer un peu plus de mon étreinte, et l'embrassais encore une fois après lui avoir promis notre éternité, ma main amoureusement posé sur sa joue, mon regard plongé dans le sien. Pour toujours… je souriais légèrement, j'avais trouvé ma personne, mon âme soeur. Je l'embrassais, c'était si bon de la sentir contre moi, et avec tout ses esprits. Je t'aime. déclara-t-elle, encore une fois. Je la croyais, je comprenais pas ce qu'elle pouvait bien trouvé à un idiot comme moi, mais je la croyais sur parole. Je t'aime aussi..On laissa le silence nous envelopper, c'était reposant, apaisant. Puis tant qu'on était là, dans sa salle de bain, ensemble, on n'avait pas à affronter le monde extérieur et sa triste réalité. J'étais bien, et je ne voulais être nul part ailleurs. Il s’est passé quoi hier ? je riais légèrement, amusé de sa question. Je faisais un mouvement avec ma tête en passant ma main dans mes cheveux pour les replacer correctement, elle ne voulait pas savoir, c'était certain, mais comme elle me l'avait demandé, je ne lui épargnerais rien. Oh.. je t'ai découvert des talents d'aguicheuse assez convaincants, d'ailleurs je me méfierais la prochaine fois que tu sortiras sans moi.. commençais-je, faisant mine d'être jaloux. Je continuais, c'était amusant, je savais qu'elle se sentirait gêné, je la connaissais par coeur, et je prenais un malin plaisir à faire rougir ses joues. Nina m'a appelé vers quatre heures du matin parce que tu devenais incontrôlable, tu étais assise sur le bar, elle m'a dit que tu ne te rendais pas compte à quel point les hommes te reluquaient, et elle avait peur que ça tourne mal, alors je suis venu. Les hommes qui était au bar n'étaient pas très content de voir que tu avais un petit ami, tu avais dû leur faire espérer des choses inconsciemment. Mais tu m'as littéralement sauté dessus, tu voulais danser mais tu as vite compris que je n'avais pas le coeur à ça, alors on est rentré..  je marquais un temps d'arrêt, pour qu'elle pense que l'histoire s'arrêtait là, que ce n'avait été “que” ça. Puis je repris, un sourire malicieux aux lèvres. Tu n'as pas arrêté de me faire des allusions très appuyées sur la route, qui trahissaient ton envie pressante de.. rentrer avec moi. Quand on est arrivé tu as rangé tes chaussures, et la seconde d'après de ma plaquait littéralement contre un mur, m'embrassant sans même me laisser le choix de protester, tu as passé tes mains sous mon t-shirt mais voyant que tu n'obtiendrais pas ce que tu voulais tu.. as très sensuellement enlevé ta robe.. je me mordillais la lèvre inférieur, c'est vrai que ce moment n'avait pas été déplaisant. On s'est très vite retrouvé sur ton lit, puis j'ai stoppé tes ardeurs en te disant que ce n'était pas une bonne idée, tu avais l'air contrarié et tu as enlevé mon t-shirt en faisant cette moue que tu fais lorsque les choses ne vont pas dans ton sens, puis tu t'es résigné et tu t'es endormis contre moi. maintenant, j'avais plus qu'à savourer de la sentir si honteuse.