Je me promène dans les rues de Brooklyn, me dirigeant vers le centre commercial. J'avais rendez-vous avec Thybalt pour faire un peu de shopping. Il voulait passer me prendre mais j'avais refusé, voulant venir par moi-même. Brooklyn, c'est le début de ma vie New-Yorkaise. J'étais passée devant mon ancienne appartement, voyant un jeune couple à l'intérieur. J'avais envie de voir s'il avait beaucoup changé ou non, mais j'avais finalement repoussé cette idée. Ca me faisait du bien de penser à autre chose que le futur bébé qui va peut-être pointer le bout de son nez. Ma vie et celle de Thybalt allait vraiment être chamboulé. Pour l'instant, j'assistais à mes cours de danse, mais je sais qu'au bout d'un moment, je serais contrainte de lever pied puis d'arrêter pour le bien de notre enfant. Je ne réalisais pas que j'allais être mère, moi, Clelia Pawelski mais je me sentais beaucoup mieux depuis l'entrevue avec Thybalt. Il ne me détestait pas et il ne m'abandonnait pas non plus. Je n'avais jamais douté de ça mais ça faisait du bien de l'entendre tout de même. Il était incroyablement responsable et il avait su gérer la situation d'un sang froid que je n'avais jamais vu auparavant. Il m'avait étonné, dans le bon sens. Bref, J'avais rendez-vous chez mon gynécologue le surlendemain afin de m'assurer que le bébé est en bonne santé. Je cède au moindre de ses caprices. J'avais encore plein de doutes en tête, je ne savais pas trop si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Tout ce que je vois, c'est un signe, signe que Thybalt et moi devons être ensemble. Même si nous trouvons toutes les excuses du monde pour ne pas l'être. Le destin voulait nous rapprocher et qu'on soit ensemble. C'était écrit, j'en étais persuadé. J'avais une grosse envie de gaufres en ce moment. Je pourrais m'en enfiler 20 par jour. Je ne mangeais que ça et ça n'alertait personne à la maison, tant mieux. Je n'avais pas encore pris un gramme, je n'avais pas de petit ventre mais je savais que ça n'allait pas tarder à sortir. J'avais même acheter un livre pour m'aiguiller sur le rôle de mère, la preuve que j'étais quand même impliquée. Je m'arrêtais devant un café, mon envie de gaufres fait à nouveau surface dès que j'en aperçois une sur le présentoir. Je pousse alors la porte du petit café et me prend une gaufre avec du chocolat et une tonne de chantilly. Tout pour grossir. Je regarde l'heure et j'étais déjà en retard pour mon rendez-vous avec Thyb. Je pressais le pas tout en savourant ce que je venais d'acheter. Ca me réchauffait un peu. Le froid me glace les os, je peux sentir que mon nez est carrément congelée. J'arrivais devant un grand centre commercial en plein cœur de Brooklyn. Je rentrais dedans pour retrouver Thybalt devant la grande fontaine qu'il y a à l'entrée. Je ne pouvais pas me permettre de m'offrir des vêtements et objets de la cinquième avenue, ce n'était pas vraiment dans mes moyens en ce moment et mon meilleur ami n'était pas là pour tout payer non plus. Il en est tout simplement hors de questions. Je retrouvais Thybalt qui m'attendait. Je posais mes lèvres sur les siennes doucement, vieux réflexe et je me reculais tout doucement en lui disant « Désolée du retard, une envie sur la route. » Je lui montre la gaufre qui est à moitié mangée tout en lui faisant un sourire d'excuse. Je place mon nez dans mon écharpe quelques instants pour le réchauffer tout en détournant le regard et en regardant tout autour de nous. « Prêt à faire du repérage ? » Je pense que quand on sera dans le magasin, cela allait vraiment me faire bizarre. Genre, cela allait vraiment être concret. On va avoir un enfant. A nous. Je me sens encore toute chamboulée.

Je me préparais un café dans la cuisine… Tranquillement. Les bruits de la casa Williams me manquaient presque. Je n'y étais retourné que sommairement, eux qui se plaignaient de me voir enfermé dans ma chambre, ne me voyaient quasiment plus. L'annonce avait fait basculer ma vie : J'allais être père. Et c'était très perturbant. Je n'arrivais pas à m'en remettre. J'avais donc pleinement investit mon appartement secret pour me ressourcer et reprendre le contrôle de mes émotions. En plus je ne savais pas où j'en étais avec Clélia. Nous nous étions plus ou moins remis ensemble. Je passais pas mal de temps à ses côtés, nous nous embrassions à la première occasion… Pourtant nous avions choisi à mi-mot de garder un peu nos distances. Il y avait trop de choses en mouvement dans nos vies. En tout cas, nous nous étions mis d'accord sur une chose : nous allions avoir ce bébé ensemble. J'avais déjà dans l'idée de dégager la chambre d'amis de mon appartement pour lui faire de la place. Bon ça je ne lui avais encore rien dit à ce sujet. Je pense que j'avais besoin de concret. Je devais acheter quelque chose pour le bébé pour me rendre compte qu'il arrivait. Bien entendu le rendez-vous chez le médecin spécialiste ou un truc du genre prévu quelques jours plus tard allait m'aider à m'y faire. Mais je ne savais plus attendre. J'étais un impatient de nature. On ne lutte pas contre ce que l'on est réellement.

Je prenais la voiture en direction de Brooklyn. Clélia avait refusé que je vienne la chercher. J'avais eu beau insister, je n'avais pas vraiment eu envie de me heurter à elle. Ses pulsions de femme enceinte me menaient parfois la vie dure. Bon je n'avais pas encore eu le droit au coup de fil en plein milieu de la nuit parce qu'Aaron aurait refusé d'aller lui chercher un pot de glace. En même temps pour le moment personne n'était au courant. Nous n'avions pas voulu faire trop de vague. Je rentrais dans le supermarché et me dirigeais vers la fontaine. Nous nous étions donné ce point de rendez-vous. Je n'avais pas vraiment l'habitude de faire du shopping, du moins pas dans ce genre de magasin. J'étais plus un habitué de la cinquième avenue. Voyant l'heure défilé et toujours pas de nouvelle de ma meilleure amie/petite amie. Je me dirigeais vers un stand et commandais un café. La caféine ce n'est pas bon pour les femmes enceintes si ? Je lui commandais un truc plus soft. Un thé par exemple. J'étais gelé. Ca allait me réchauffer. Je reprenais ma place à temps pour la voir arriver. Nous nous embrassions. Doux contact. Je lui souriais. J'étais tellement content de la revoir. Que les choses s’améliorent entre nous. Je levais les yeux au ciel.  « Et ben, je peux me les geler pendant que toi tu engloutis une gaufre. Il n'y a vraiment pas de justice. » Je lui tendais le gobelet en plastique.  « Tiens. Pour faire passer le tout. » J'étais prévoyant pour une fois. Je m'efforçais de l'être avec miss Pawelski. Je hochais la tête.  « Prêt. »

Le premier magasin était consacré à les ''meubles'' nécessaires pour avoir un enfant dans les meilleurs conditions… Des poussettes, des lits, des tables à langer dans tous les coins. Je regardais Clélia avant de grands yeux. Ok en fait ce magasin là était complètement flippant. Ca y est. C'était concret. Peut-être un peu trop.  « C'est… Perturbant. » lançais-je à mi voix alors que nous nous lancions dans les grandes allées. Nous regardions un peu les rayons. J'écoutais la conversation d'un couple dont la femme était plus qu'enceinte… Presque sur le point d'exploser. Ils énuméraient leurs différents achats. Je crois que je commençais un peu à pâlir. Déjà parce qu'ils était sûr d'eux et que l'homme savait parfaitement de quoi elle parlait lorsqu'elle énonçait des mots comme stérilisateur (qui pour moi n'était utilisé que dans les laboratoires ou concernait un truc qui faisait en sorte de ne plus avoir de gamin). Je regardais une nouvelle fois ma petite amie.  « Et bien… On est pas sauvé. » Je levais les yeux au ciel dans un grand sourire.

Je venais seulement de rejoindre Thybalt. Je vérifiais ma montre, j'avais genre dix minutes de retard. Ce n'était pas dans mes habitudes, je n'aime pas faire attendre les gens pour la simple et bonne raison que moi je déteste attendre les autres aussi. Mais là, c'était différent, c'était une pulsion incontrolable. Je sais que si je ne me serais pas arrêté pour cette gaufre, je serais sans doute tombée dans les pommes tellement elle me faisait de l'oeil sur le présentoir. Méchante manie de femme enceinte, déjà. J'ai le droit à une petite réflexion de Thybalt qui crie à l'injustice justement. Je lève les yeux au ciel pour rire. Ca me faisait vraiment plaisir de retrouver une complicité avec mon meilleur ami/petit-ami. On ne s'était pas trop mit d'accord sur ce qu'on est. On profite simplement du moment présent pour l'instant. On affronte l'étape parents ensemble. De toute façon, on aura beau tout faire, on est destiné à être proche lui et moi. Une alchimie indéniable même pour ceux qui n'ont jamais cru en nous. Je lui tapotais sur l'épaule tout en lui répondant « Mais le monde est injuste, il faut s'y faire. Le monde appartient aux futures baleines, il faut t'y faire. » je marque ensuite une petite pause tout en le regardant et en ajoutant « Mais si tu veux, je veux bien faire une concession et te laisser croquer dans ma gaufre pour me faire pardonner. » je le regarde en riant tandis qu'il me tend une tasse de thé. Trop gentil de sa part. Je la prends dans ma deuxième main qui est libre. « Merci, t'es vraiment le meilleur ! » lui répondis-je avec un grand sourire. J'étais vraiment heureuse que les choses s'arrangent entre nous et deviennent moins bizarres. Il m'annonçait ensuite qu'il était prêt à arpenter les magasins pour bébé de ce centre commercial. Je prends une grande inspiration et on commence à rentrer dans le premier venu. Aller, c'est parti pour se prendre une claque en pleine face.

A peine avoir mis un pied dans ce magasin, j'avoue que je suis un peu déboussolée. Des affaires de bébé, en veux tu en voilà. Je regarde un peu autour de moi, légèrement intimidée. Je ne pensais pas qu'un enfant avait besoin d'autant de trucs. A chaque fois que je pose les yeux ailleurs, je vois un nouvel objet. C'est flippant. Thybalt dit que c'était perturbant. Je hoche la tête en disant « C'est clair.. Il faut beaucoup de choses pour un enfant.. » Je réalisais un peu, mais pas trop. C'était trop flou, c'était dans le magasin. On était seulement là pour faire du repérage. Heureusement, parce qu'il faut que je me mette à trouver un travail. Je ne pourrais plus faire de mannequinat, vu que mon ventre va s'arrondir et je dois régler mes dettes avant l'arrivée de mon bébé, c'est primordiale, c'est une question de fierté.. Je me sentirais beaucoup mieux. On commence à arpenter les rayons.. Poussettes, cosy.. Poussette et cosy en même temps, je regarde en même temps les prix.. J'avoue que j'étais pas experte, je regardais Thybalt avec un air un peu perdu. On va s'en sortir. Je bois une gorgée de thé et on continue d'avancer. Au bout d'un moment notre chemin croise celui d'une autre femme enceinte avec un ventre bien rond et son mari sans doute et ils sont entrain de faire la liste de tout ce qu'ils doivent acheter avant l'arrivée de leur petit bout. La remarque de Thybalt me fait rire malgré moi. Je n'étais qu'au premier chapitre de mon livre de maternité, ils parlaient du début et pas encore des affaires de bébés. Je promets qu'avant la naissance de notre bébé, je serais incollable sur les enfants et puis ma mère voudrait sans doute me filer des bons tuyaux. « Ca tu l'as dit.. » lui répondis-je avant d'ajouter « Mais t'inquiète, on va être de supers parents. » Je ne sais pas trop quelle type de mère je saurais mais je ferais de mon mieux et puis être parents ce n'est pas inné, on apprend à le devenir, je vais sans doute faire des erreurs au début.. Rien que cette idée me fait peur doucement. Bref, j'ai besoin de me changer les idées. Je regarde partout et je tombe ensuite sur les gadgets ou les accessoires.  On tombe sur les bavoirs j'en saisi un et je lis ce qu'il y est écrit « Grognon comme papa.. mignon, je crois que celui-là il faut qu'on l'achète. » je lui tire la langue tout en riant d'un air enfantin. J'espère qu'il sait qu'il faut que je plaisante. Je repose ensuite le bavoir et on passe dans le rayon des doudous. Je saisi un ours polaire tout doux et avec des yeux trop chou, je regarde Thybalt en disant avec une petite voix. « Oh regarde, on dirait il nous supplie de l'acheter, il est trop mignon.. » Oui, je deviens folle mais en même temps je crois que mon cerveau a grillé lorsqu'on est entré dans ce magasin..

Clelia venait de me rejoindre. Je n'avais pas attendu très longtemps mais j'en profitais tout de même pour me plaindre un petit peu. Elle avait fait une pause pour avaler une gaufre. Je soupirais lourdement à sa remarque avant de me mettre à rire.  « D'accord. Je ne savais pas. Merci d'avoir éclairé ma vision du monde. » Je lui tendais son thé. Petit cadeau pour la réchauffer et lui donner du courage avant d'attaquer cette après-midi shopping. Je déclinais l'offre de la gaufre et retenais même mon petit commentaire. Je ne voulais pas tenter les hormones d'une femme enceinte.  « Je sais, je sais. » répondais-je modestement. Non je n'étais pas le petit ami idéal mais j'avais vraiment envie de faire renaître notre complicité d'avant, je voulais rattraper mes erreurs. Lorsque nous prenions la direction du premier magasin, elle prenait une grande inspiration. Je lui serrais la main. Nous allions le faire ensemble.

Ok. Je m'étais imaginé des tas de choses. Je n'étais jamais rentré dans un magasin pour bébé même pour erreur. Je n'avais pas eu de frères et sœurs à proprement parlé. Ils n'étais plus en âge d'agiter un hochet ou de mettre des couches lorsque je les avais rencontré. Je me demandais s'il était vraiment nécessaire d'avoir l'ensemble de ce matériel pour accueillir correctement un enfant. Là ce n'était pas une petite chambre qu'il allait falloir vider mais carrément un appartement ! Je ne savais plus où donner de la tête. Je comprenais les statistiques répertoriant les différents coût à l'année pour élever un enfant. Bordel. Ça allait faire un sacré trou dans le budget. Même si de mon côté l'argent n'était pas un problème… Là mon banquier allait faire un bon. Clelia avait l'air aussi perdu que moi. Je soupirais. Allons de l'avant. Le couple ne nous aidait pas à relativiser. La liste des choses à acheter était trop longue. On pouvait pas payer quelqu'un pour tout installer ?  « J'espère. Si on arrive à comprendre comment utiliser la moitié de ces objets. On sera au summum. » Nous tombions sur les accessoires. J'avais le droit à un petit pic amicale de la part de ma petite amie. Je lui tirais la langue.  « C'est totalement faux. Je ne grogne jamais. » Je levais les yeux au ciel.  « On trouvera mieux. » Je reposais le bavoir comme si de rien n'était. Elle attrapait un doudou un peu plus loin. On allait pas s'en sortir à ce rythme là. Je lui souriais et passais mes bras autour d'elle.  « J'avoue. Mais est-ce que c'est pour le bébé ou pour toi ? » la taquinais-je. Je l'embrassais sur la joue. Elle pouvait le prendre si elle le voulait. Elle le méritait bien. Et s'il n'y avait que ça pour lui faire plaisir.

Rayon suivant. Plus centré sur les mamans cette fois. Je fouillais alors que Clelia lisait je ne sais trop quoi. Je trouvais un truc un peu rigolo. Je le prenais en main et le retournais dans tous les sens. Un tire-lait. J'avais des difficultés à imaginer comment ça s'utilisait ou peut-être que je faisais simplement un blocage. Alors que j'allais interpeller ma meilleure amie, une vendeuse assez âgée posa sa main sur mon épaule.  « Croyez moi jeune homme, vous n'êtes pas encore prêt pour ce genre de chose. » Elle se mit à rire en lançant un regard complice à Clelia. Je reposais l'objet perturbé. Elle proposait ses services. Je ne savais pas trop quoi répondre.  « Et bien on est un peu perdu… On est tout au début. C'est nouveau... On a encore du temps. » La vendeuse secoua négativement la tête.  « Neuf mois passe très vite ! » Ok grosse crise de panique. Mes yeux me sortaient de la tête.

On venait de rentrer dans le monde des bébés. Il y avait tellement d'objets différent, j'avais l'impression que le magasin était immense. Je ne comprenais, je ne m'attendais pas à autant de choses. Mon regard se posait sur tellement de trucs que j'étais un peu désorientée, comme quand je suis dans une forêt et que je me suis perdue. Là, je ramais complètement. Thybalt n'était pas mieux que moi pour le coup. En même temps, s'il savait à quoi tout servait ces objets, je serais sans doute tombée. Le couple ne nous a pas vraiment rassuré pour le coup. Je me demandais s'il fallait que j'accepte plus de la moitié du magasin ? Dans ce cas-là, j'étais mal, très mal, vu que je suis plutôt fauchée en ce moment.. Les temps sont durs mes amis. Bref, on se baladait ensuite dans le magasin. Thybalt me lançait une phrase qui me fit rire légèrement, il n'avait pas tort non plus. Je le regardais tout en lui répondant aussitôt « Laisse tomber, je crois qu'il faut qu'on bosse le sujet. » je lui faisais un clin d'oeil tout en riant à nouveau. Je réalisais peu à peu que j'allais devenir une mère. J'avais besoin de cette sortie et je ne sais pas trop ce que je ressens au fond de moi. Je préfère faire de l'humour dans le rayon accessoire devant un bavoir. Thybalt me dit qu'on allait trouver mieux. Forcément, je levais les yeux au ciel en faisant semblant de reposer à contre-coeur l'article. « Mais non, il était parfait. » Je fis semblant de bouder pendant un quart de secondes parce que j'aime bien l'embêter mais j'ai jeté ensuite mon dévoulu sur un doudou que je trouve trop mignon. Thybalt me demandait si c'était pour le bébé ou pour moi. Je lui fis une moue trop mignonne en lui répondant « Pour le bébé bien sûr.. et un peu pour moi mais ça on ne le dit pas. » Je lui tire la langue comme une gamine de cinq ans et je décide de laisser mon nouvel ami ici en reposant l'ours polaire. Je devais désormais mettre de l'argent de côté pour notre futur enfant et les dépenses superflues ne sont pas à l'ordre du jour même s'il était pas si cher. Thybalt m'embrassait sur la joue et je saisis sa main. Je sentais mon cœur qui avait eu un petit coup d'accélération, je ne savais pas trop où en était mais une chose est sûr c'est qu'on avait toujours des sentiments l'un pour l'autre, c'est indéniable et je suis vraiment contente que quelque chose nous rapproche enfin, même si ce n'était pas quelque chose de prévu sur notre liste. Je sais que quand on va l'apprendre, ça va beaucoup faire parler, mais je ne me préoccupe pas des gens. Ils ne peuvent pas comprendre. Notre histoire et unique que cela plaise ou pas.

On allait dans le rayon d'à côté, un rayon réservé au moment. Je m'arrêtais sur un objet où je regardais un peu ce que c'était, il y avait un descriptif. Je dois un peu me familiariser avec les objets. Je ne regardais pas Thybalt mais une voix me fit tourner la tête. Thybalt avait pris un tire-lait et j'avais l'impression qu'il cherchait à l'analyser dans tous les sens. Les paroles de la vendeuse me fit exploser de rire littéralement. Règle numéro 20 : ne jamais emmener son mec dans un magasin pour bébés, c'est dangereux pour sa santé mentale. J'étais incapable de prononcer un mot, prise dans un fou rire, j'imaginais Thybalt qui le portait et là c'était fichu. Les gens dans le magasin devait me prendre pour une grosse folle mais c'était un peu le cadet de mes soucis. La vendeuse comprend que c'est mort pour me parler pour le moment, elle me regarde avec un sourire compatissant et demande à Thybalt si on a besoin d'aide. J'écoute un peu leur conversation et la vendeuse stoppe mon rire quand elle nous dit que neuf mois passe vite. Euh.. Certes, mais on a encore le temps. Thybalt manque de vaciller, je dois réagir. Je me poste à côté de Thybalt, lui saisis la main à nouveau tout en disant « Oui, mais on fait juste du repérage.. Pour être prêt le moment venu. On préfère encore attendre un petit peu. » je lui fais un petit sourire poli. Il fallait d'abord voir le gynéco et s'assurer que le bébé était en parfaite santé, il nous fallait encore un peu de temps. J'avais besoin de le voir avant de faire quelque chose. C'est normal quoi. La vendeuse nous dit un truc que j'ai pas écouté puis elle s'éloigne avec un petit sourire tout en disant que si on avait besoin d'elle, elle ne serait pas loin. Je souris tout en me retournant ensuite vers Thybalt. « Elle m'a un peu foutu la pression, mais ça va, t'inquiète on a encore le temps. » Je lui fais un bisous sur la joue tout en souriant et en ajoutant « On continue notre tour ? » je lui tendais ensuite la main afin qu'il la saisisse -ou pas- pour qu'on continue notre tour dans ce mystérieux magasin..

Ca y est. Clélia commençait à craquer sur les peluches qui pouvaient faire un doudou pour les enfants. Mais je doutais que ce soit réellement pour notre futur bébé et non pas pour elle. Je connaissais assez ma petite amie pour s’avoir qu’elle était la première à céder devant ce genre d’article. Nous n’étions là qu’en repérage et surtout pour essayer d’en apprendre un peu plus sur le matériel qu’on allait devoir acheter. Mais je gardais en tête l’image de cette petite peluche. Sait-on jamais, un petit cadeau pré-naissance. Pendant ce temps-là elle faisait la moue avant de me répondre que c’était un peu pour eux deux. Je me mis à rire. Je l’embrassais sur la joue après qu’elle s’obligea à reposer l’ours polaire. Les regards que l’on échange trahissent notre complicité. Je suis amoureux de Clélia et je le sais. Simplement pour le moment je tente de la laisser avancer à son rythme. On a besoin de temps pour totalement se retrouver mais j’espérais que ca prendrait moins de neuf mois. Nous avions encore pas mal de boulot sur notre relation et en plus des épreuves nous attendaient. Lorsque les gens apprendront la grossesse de Clélia, ca allait parler… Je m’en fichais. Mais était-ce son cas ? C’était l’une de mes inquiétude du moment sur ma très très longue liste.

Nous changions de rayon : et voilà les produits de pour maman. Alors si avec les objets pour bébé je connaissais plus ou moins l’utilisation de chacun d’eux, ce n’était pas le cas pour ceux de maman. J’en attrapais un à la forme particulière et commençais à l’analyser sous toutes les coutures. Plus je me rendais compte de ce dont il s’agissait plus je comprenais qu’être père n’allait pas être simple et que j’allais rencontrer des situations cocaces. Je perdais quelques couleurs jusqu’à ce qu’une vendeuse m’enfonce un peu plus. Les deux femmes étaient littéralement parlant en train de se foutre de moi. Clélia riait aux éclats. Ok si c’est comme ça je ne touchais plus à rien. Je lui expliquais un peu notre situation et elle en rajoutait une couche. Neuf mois passent vite. J’ai l’impression d’avoir appris que j’allais être père il y a une heure. Je n’étais pas encore prêt. Mes yeux me sortaient de la tête. Je paniquais. Ma petite amie m’attrapait la main, me rassurant par ce simple contact. Elle reprenait la situation en main et la vendeuse acquiesça. Elle devait avoir l’habitude des couples pressés et paniqués par à ceux qui pensaient avoir le temps. Elle nous souhaita bonne chance avec de s’éloigner. Clélia se retournait vers moi. « Ouep. Moi aussi. » J’avais besoin de respirer calmement. « Tu es certaine que les bébés ca n’arrive pas avec un kit complet ? Genre pendant que tu es à la maternité ya des gens qui installent tout ce dont tu as besoin et qui laissent une notice sur la table en repartant ? » Elle m’embrasse sur la joue. J’attrapais sa main. « Je ne suis pas certain de survivre à un autre couple avec une liste. »

On avançait encore un peu dans le magasin. Il y avait un espace avec des chambres aménagées pour donner aux parents un avant-goût de celle qu’ils auront chez eux dans quelques temps et donner des idées décorations. Nous nous arrêtions devant une chambre pour enfant mixte. Pour les parents qui ne voulaient pas savoir le sexe du bébé avant l’accouchement. Je passais mes bras autour de Clélia. « Tu crois qu’ils louent des bébés pour donner envie d’acheter ces chambres aux futurs parents ? Genre trois heures par jour lorsqu’ils dorment et que les parents viennent les rechercher ?» Encore une idée bizarre qui me traversait l’esprit. Mais j’étais convaincu que ce serait très commercial. Peut-être peu respectueux de l’enfant… Je l’attirais contre moi. « En tout cas une chose est certaine. Pas de jaune sur les murs. Celui-là est affreux. » Mieux valait-il connaitre le sexe de l’enfant. Bien que du rose et du bleu c’était très kitch…

Thybalt était trop fort en quelques secondes, il avait réussi à inverser la situation. On commençait à flipper à cause de ce couple et là, il avait illuminé ma journée avec ce tire-lait. C'est vrai que c'était quelque chose d'inconnu au bataillon. J'en avais vu dans les films mais jamais en vrai. En même temps, avoir un bébé ne faisait pas partie de mes priorités non plus. J'ai toujours rêvé d'avoir ma propre famille, mais pas maintenant. Je préférais privilégier ma carrière, avoir une vie stable avant de faire un enfant, mais disons qu'on a toujours des surprises dans la vie.En tous cas, je devais regarder Thybalt avec un regard tellement tendre et amoureux, parce que c'est ce que je ressentais. Nos quelques semaines de séparation n'ont absolument rien changé concernant mes sentiments à son égard, j'en étais toujours autant folle amoureuse mais je réprimais un peu tous ces regards, parce qu'on était plus vraiment un couple.. Ca me fait mal de reconnaître mais c'est la vérité. On avait divorcé d'un commun accord même si à la signature, je pense qu'il était un peu plus d'accord que moi. Aujourd'hui sonnait comme une promesse de renouveau, comme si c'était une évidence, on était fait pour être ensemble mais cette fois on devait prendre notre temps même si le bébé était en route. Je ne sais pas trop ce que vont en penser ma famille, c'est sans doute ça qui me fait le plus peur. Ma mère est un peu conservatrice et elle n'a pas trop apprécié mon mariage précipité même si par la suite, voyant que Thybalt et moi c'était du sérieux, elle s'est ravisé. Pour ma mère, on a qu'un seul et unique amour, pour elle, c'était mon père, elle pensait que le mien était Nathan. Pour elle, tout allait trop vite, ce n'était pas comme ça qu'une histoire d'amour devait démarré. Elle n'avait pas tort, mais moi, je ne regrettais rien. Thybalt et moi on est différents et similaires en même temps. C'est celui qui connaît pratiquement tous mes petits secrets et qui est encore là. Mon cœur bat toujours un peu plus vite quand il est là. Lorsque je reviens sur terre, je vois que Thybalt panique, en même temps la vendeuse vient de lancer une bombe. On était pas prêt à entendre tout ça. Après que j'intervienne, elle s'en va, ce qui nous permet de respirer un peu mieux. Sinon, je ne sais pas lequel des deux auraient succombé à une syncope en plein magasin. La réflexion de Thybalt me fait ensuite rire, je ne sais pas où est-ce qu'il va chercher tout ça mais c'est le roi pour tout détourner et en faire quelque chose de drôle. « J'aimerais bien mais malheureusement ce n'est pas le cas. C'est comme je suis déçue que ce ne soit pas une cigogne qui m'apporte mon bébé tout fait.. La réalité est parfois cruelle, il faut s'en remettre. » je lui fais un clin d'oeil. Il attrape ma main et m'avoue qu'il n'est pas certain de survivre à un autre couple avec une liste, tu m'étonnes, ces gens là, sont vraiment horrible et trop oppressant. Je le regarde tout en répondant « Je dois t'avouer que moi non plus, changeons de rayons ! » Au secours un autre couple avec sa liste. Thybalt et moi nous nous enfonçons dans le magasin, dans les chambrées pour enfants. Ok, là aussi c'était du concret et il y avait du choix. Il y avait pour toutes les couleurs. Thybalt passait ses mains autour de moi et une de mes mains touchait son bras et le caressait doucement. Un vrai petit couple, j'étais trop bien dans ces bras, je n'avais pas envie qu'il me lâche. Sa question me déroutait et me fit rire en même temps. Il avait l'imagination fertile, c'est sans doute un des cotés qui me plait le plus chez lui. Toujours le mot pour rire, pour dégrossir un peu la situation qui peut être tendu. En tous cas, je le regarde tout en disant « T'en as de ces idées, j'espère pas, parce que moi je ne prêterais pas mon bébé, j'aurais trop peur qu'on me le vole. Mais après cela peut être un bon concept effectivement. » Tout pouvait se débattre, avec Thybalt, on peut parler de tout et de rien même des sujets les plus sérieux. Il est parfait, il a le sens de l'humour et il est drôle, j'espère que notre bébé héritera de ces traits là de son père. Bon par contre s'il pouvait prendre mon côté un peu sérieux, ce serait pas mal non plus. Thybalt me parlait ensuite de jaune et je cherchais alors de quelle chambre il me parle. Je fis une moue un peu dégoutée. « Non, pas ce jaune.. c'est trop criard, le bébé ne va même pas dormir. » Après, je ne sais pas trop si j'ai envie de savoir le sexe ou pas. Oui d'un côté parce que je suis trop curieuse et non d'un autre côté parce que je serais trop émerveillée de le savoir quand je le tiendrais dans mes bras. Je le regarde tout en me serrant un peu plus contre lui et dit avec une petite voix. « Pas de vert non plus, ça fait trop terrain de foot. » Je lui désignais de la tête ensuite la chambrée verte, match de foot. « Si c'est une fille, on lui fera une vraie chambre de princesse ou une chambre de petite fée. » je lui fais un clin d'oeil. Non mais sérieux, je pars trop loin. Je veux trop une fille, c'est trop sage, trop calme. Je veux une fille en somme. J'étais prête à mettre de côté ma carrière de danseuse en parenthèse. Je regarde Thybalt en disant « J'ai des pensées bizarres.. trop de pensées bébé dans ma tête, je commence à flipper, on va vraiment avoir un enfant.. » je le regardais et j'avais besoin de m'asseoir. Mon dieu, c'était trop... concret pour moi.

Je n’étais pas d’accord avec la vendeuse. Nous avions parfaitement le temps. Neuf mois ca ne passent pas si vite que ça… Si ? Nous ne savions pas encore pour quand le bébé était prévu… Ni c’était pour une fille ou un garçon… La seule information que nous avions en notre possession était  que Clélia était enceinte. Nous prenions simplement conscience des changements qui allaient arriver avec ce bébé. Je paniquais légèrement… Les autres parents semblaient tellement savoir ce qu’ils devaient acheter, ce dont ils auraient besoin. Pas moi ! Je n’y connaissais absolument rien. J’étais fils unique du côté de ma mère, et j’avais découvert l’existence de Ceelyanna et Lullaby bien trop tard pour leur donner à manger ou changer leurs couches. Je me perdais dans l’inconnu et c’était effrayant. Je demandais une dernière fois à Clélia si elle était certaine que les bébés n’étaient pas livrés avec une notice. Je soupirais lourdement avant d’afficher un sourire. « Je préfère vivre dans mon pays imaginaire… »  Je lui fis un clin d’œil à mon tour. Je lui avouais ne pas être certain de tenir le coup face à un autre couple parfait. Je lui murmurais en entendant qu’elle était dans la même situation. « Je pense pas qu’ils peuvent se vanter d’avoir la même histoire que nous… » Oui notre histoire est hors du commun. Nous n’avions rien de classique. C’est un petit plus. Ou peut-être pas… Il va falloir qu’un jour on se mette d’accord sur ce qu’il faudra raconter à notre enfant… J’imaginais un instant notre enfant dire à sa maitresse que ses parents se sont mariés dans un bar avant de divorcer chez le grand-père !

Nous nous enfoncions dans le magasin, direction les chambres. C’était magnifique et il y en avait vraiment pour tous les goûts. Mon imagination fertile et encore une fois, elle m’emporte. Je lui faisais part de mon idée de location de bébé pour vendre le matos pour bébé. « A réfléchir. A réfléchir. » lançais-je dans un éclat de rire. Et voilà que nous nous mettions à discuter de la couleur des murs… Peut-être que finalement être au contact d’autres parents ca aide. Au moins nous étions d’accord : pas de jaune. Elle avait une tête dégoutée, je riais. Je croisais les bras et la regardais d’un air sérieux. « Pas de vert ? Ok pas de rose non plus. » Elle parlait soudainement de l’éventualité que ce serait une fille. Il y eut un véritable déclic en moi… Fille ou garçon. J’étais du genre impatient. Je voulais au moins savoir rapidement.   « Même si c’est un garçon on peut toujours faire une chambre château. » genre avec des chevaliers et tout… Je vis Clélia changer des couleurs. « Oui… » Je la comprenais parfaitement. Nous avions fais un grand pas. Pour ma part, j’avais l’impression d’avoir dédramatisé le tout… Etait-ce son cas ? « Viens on sort. » Je l’embrassais et passais mon bras autour d’elle.

Le monde des bébés était un monde complexe. Je ne pensais pas qu'il fallait autant de choses pour un nourrisson. Heureusement que Thybalt était là pour détendre l'atmosphère. Il avait réussi à refaire descendre un peu la pression qui montaient doucement en moi. Je n'y connaissais pas grand-chose. Ma sœur était la plus grande et après, je n'ai pas vraiment grandi avec des bébés. Je sais comment on change une couche ou on donne un biberon mais sur le matériel en lui-même, non, je ne sais pas. On avait besoin de conseil mais la vendeuse voulait vraiment qu'on achète tout le magasin. Il en était hors de questions pour le moment, c'était trop tôt. Je crois qu'on allait faire une crise cardiaque sinon. On préférait continuer notre petit tour, tout seul, comme des grands. Thybalt voulait que le bébé soit fourni avec une notice. Il m'avait encore bien fait rire. Sa réponse me fit sourire. « Non, tu restes dans le monde réel, avec moi.. » je lui tire la langue tout en riant. On continuait d'avancer mais on prenait soin d'éviter les couples avec des listes, ce sont les plus stressés et les plus stressants sérieusement. Les paroles de Thybalt me font sourire et je hoche la tête pour lui montrer que j'étais d'accord avec nous. Notre histoire était unique, elle ne ressemblait à aucune autre. C'est vrai. On a fait les choses tellement vite mais ce n'était pas plus mal, maintenant cela allait être plus délicat à l'expliquer à notre descendance. Ca l'était déjà quand il avait fallu l'expliquer à nos proches qui n'avaient pas trop compris au début. Personne n'avait parié sur nous. Ah non, mais on était toujours aussi complices. On avait eu une mauvaise passe mais c'est comme dans tous les couples, aujourd'hui, j'étais vraiment contente qu'on se retrouve comme ça même si on prenait un peu plus notre temps..

On regardait aussi les chambrées d'enfants. Thybalt avait ses idées originales comme toujours et je ne pouvais m'empêcher de rire avec lui. Nos voix ne faisaient plus qu'une et on continuait d'avancer main dans la main. On se projetais vraiment, à mon avis, on ne serait pas d'accord sur tout mais au moins, on avait exclu le jaune de notre liste. Thybalt ne voulait pas de rose et je ne voulais pas de vert. Le choix commençait à se réduire considérablement. « D'accord et si on pouvait aussi éviter le bleu pour tomber dans les clichés.. » Dans ma tête, je commençais à avoir des pensées bébés qui m'envahissent et j'avoue que ça m'a fait flipper. Je commence à devenir toute blanche. Non, ce n'est pas une blague, on va vraiment avoir un enfant. D'un coup, les couleurs m'agressaient, je me sentais un peu oppressée. Je regardais Thybalt qui sentit un peu ma détresse et me proposait de sortir d'ici. Je hochais la tête en disant « Bonne idée ! » Je répondais à son baiser et Thybalt me soutenait, il avait peur que je tombe. On fait le chemin en sens inverse. En partant on croise la vendeuse qui semble affreusement surprise qu'on n'achète rien. Ce n'était pas pour tout de suite en même temps. Je me colle à Thybalt et on décide de faire autre chose par la suite. Je voulais encore le garder un peu pour moi.