◮ Depuis combien de temps es-tu à New-York ? Ma famille a contribué à bâtir la ville de New York et demeure à ce jour une de ses dynasties les plus célèbres. A l'instar des Vanderbilt et des Waldorf, de nombreux bâtiments portent mon nom. Malgré de nombreux voyages dans le monde entier, mon chez moi est à New-York et ce depuis toujours.  
◮ Que penses-tu de la guerre entre les deux clans ? Les guerres mesquines entre factions rivales ne m'enchantent pas du tout. Je suis une personne qui n'aime pas vraiment les conflits en général. Toutefois, l'élite de l'Upper East Side doit a tout prix conserver sa position méritée et légitime. Si pour cela une guerre est nécessaire, eh bien soit. Que le sang coule à flots ! 
◮ Crois-tu qu'un jour tu pourrais prendre parti/as-tu déjà choisi ton camp ? J'ai choisi de rejoindre les Lys. C'est là que je dois être car je suis un pur produit de l'élite. Ma famille ne pouvait se permettre de refuser une alliance contre tous ces parvenus qui espèrent renverser l'équilibre mondain et social de la ville. 
◮ As-tu des proches impliqués dans la guerre ? Je n'ai pas vraiment de liens avec les autres membres du groupe des Lys. En plus, je figure parmi les plus jeunes. C'est mon nom de famille qui m'a ouvert les portes de ce clan, à moi de m'y faire une place.
◮ Selon toi, qui en sortira vainqueur ? Je ne pense pas qu'il y aura de vainqueur. Les choses reviendront certainement à ce qu'elles étaient avant le conflit mais aucun camp ne pourra réellement écraser l'autre. C'est bien mieux comme cela.
◮ Que penses-tu de New-York ? J'aime beaucoup cette ville même si c'est parfois assez bruyant et pollué. Il m'arrive d'avoir besoin de me ressourcer dans la maison de famille des Carnegie dans les Hamptons.
◮ Quels sont tes activités favorites ? J'aime faire un jogging dans Central Park le matin. Sinon je suis comme tous les jeunes de mon âge, j'aime voir mes amis et passer de bon moments avec eux.
◮ Te sens-tu en sécurité à New-York ? Il n'y a aucun risque à New-York pour qui sait rester prudent. 
◮ Veux-tu rester à New-York jusqu'à la fin de tes jours ? Sincèrement non. En tout cas pas à plein temps. Je suis assez attiré par l'Europe et je pense que plus tard j'alternerais entre New-York et les grandes capitales européennes. 
◮ Penses-tu avoir des amis sincères ? Difficile de déterminer qui est ton ami pour ton argent et qui est sincère. J'essaie de mon mieux à éviter les profiteurs et les hypocrites. Etant assez introverti, je n'ai pas un grand nombre d'amis. Je préfère la qualité à la quantité. 
◮ Qu'aimerais-tu changer dans cette ville ? La ville me plaît telle qu'elle est. Je ne prétend pas avoir la solution miracle pour la faire changer en mieux.
◮ Quel est ton plat préféré, ton style de musique et toutes les autres choses de ce genre ? Mon plat préféré est les pâtes aux truffes noires. J'adore écouter du classic rock, de la pop et de la country. 
◮ Tu m'aimes ? Chut c'est un secret ! Et tu connais la réponse !

Enfin du calme... Enfin du silence... Après ce long voyage pour revenir à New-York, prendre un bon bain était ce qu'il y avait décidément de mieux pour recharger les batteries. J'avais préparé l'eau selon mon goût, à savoir presque bouillante. La douleur causée par la brûlure sur la peau laissait rapidement la place à une sensation d'aise bien agréable. Je mis plusieurs fois la tête sous la surface, puis je décidais de rester dans le bain un peu plus longtemps pour laisser mes pensées vagabonder en attendant que l'eau refroidisse. 

Mon portable, posé un peu plus loin, vibra une première fois. Tout d'abord déterminé à résister à la tentation de regarder, je le laissais faire. Au bout de la troisième fois, je craquais en l'empoignant d'une main ferme. Le tout en grommelant des jurons. On peut jamais être tranquille c'est dingue !

Je tombais sur un texto d'une ancienne connaissance habitant à Staten Island. Cette fille semblait avoir le béguin pour moi, mais ce n'était absolument pas partagé. Malgré avoir signifié mon absence de sentiments pour elle, celle-ci s'accrochait. J'avais donc décidé de l'éviter. 

Néanmoins, le contenu de son message m'a intrigué : "Tu es une star maintenant Matthew ! Félicitations !"

Il y avait un lien pour un site internet en dessous du message. Déterminé à tirer cette affaire au clair, je me séchais rapidement avant d'enfiler ce que j'avais préparé pour la nuit. De retour sur le portable, je cliquais sur le lien pour arriver sur le site de Gossip Girl. Je ne connaissais absolument pas ce blog et vous vous demandez surement comment est-ce possible ? Eh bien jusqu'à présent, ayant effectué ma scolarité dans des pensionnats privés en Europe et ne revenant à New-York que pour les vacances, je n'avais jamais eu l’occasion d'avoir affaire à cette blogueuse mystérieuse. D'autant plus que mes parents me tenaient à l'écart de la vie mondaine de la ville à cette époque. Maintenant que j'avais dix-huit ans, c'était tout le contraire, ils m'exposaient à la moindre occasion. Après tout, j'étais l'héritier de l'empire Carnegie comme ils le disaient si pompeusement. Et une fois n'est pas coutume, j'allais suivre ma dernière année de lycée dans l'établissement privé pour garçons St Jude. 

Quoi qu'il en soit, ce fut avec stupeur que je vis une photo de moi dans la rue sur le site internet de Gossip Girl. J'étais à présent fiché parmi les personnalités de "la haute" à suivre ! C'était vraiment ennuyant, je n'aimais pas être ainsi exposé à la vue de tous. Encore un aspect de ma vie que je ne pourrais contrôler...

Je pense être à l'aise dans mon milieu, je présente bien et sais tout à fait plaire lors des dîners et festivités mondaines. J'apprécie aussi mon aisance financière qui me permet de mener un très grand train de vie. Mais le prix à payer est très lourd, j'ai l'impression de ne pas pouvoir décider du sens que je veux donner à ma vie. Mes parents ont déjà prévu que je prenne leur succession. Mon éducation m'a formaté pour. J'ai parfois l'impression d'être un robot ou une statue de cire au milieu d'une vaste pièce de théâtre. Je souhaite un peu plus d’authenticité dans ma vie, et aussi pouvoir enfin faire mes propres choix.

En sortant de la salle de bain, j'allais dans ma chambre pour me jeter dans l'immense lit à baldaquin où j'avais l'habitude de dormir. La tête bien installée dans les coussins, je songeais sur ce qu'avait été mon parcours jusqu'à présent. J'étais en quelque sorte l'enfant du miracle. Mes parents avaient presque perdu espoir d'avoir un bébé après quinze ans de mariage. Finalement j'ai été conçu, moi, leur fils unique, sur qui ils avaient immédiatement reposé tout leur amour mais aussi toutes leurs attentes et leurs ambitions. Mon enfance a été studieuse et mon éducation très stricte. Je crois que mon père s'est toujours montré très dur envers moi dans l'espoir de m'endurcir. Les écoles religieuses ont peu à peu laissé place à des pensionnats très élitistes. Mes vacances entières étaient consacrée à l'étude mais aussi à l'apprentissage de sports qui pouvaient servir dans la haute société : polo, golf, tennis...

J'eus un rire amer en réalisant que j'avais été entraîné comme un athlète olympique dans un seul et unique but : être en mesure, lorsque le jour viendra, de reprendre les rênes de l'empire familial et assurer la pérennité de la dynastie pour laquelle j'étais l'unique héritier. Mon enfance ne fut pas vraiment joyeuse, et je ne la souhaite pour personne. Seule consolation, j'avais beau être un immonde gosse de riche pourri gâté, mais au moins j'étais armé pour le combat appelé la vie. De plus, je me différenciais vraiment des petits jet-setteurs qui ne pense qu'à s'amuser par un système d’idéaux et de valeurs acquises qui, je le pense, font de moi quelqu'un de bien. Du moins, j'ai beau avoir une part d'ombre, j'essaie toujours de faire ce qui est juste.