J'étais réveillée tôt aujourd'hui, six heures du matin. Je n'arrivais plus à dormir alors j'étais descendu dans la cuisine et m'étais fait couler un café, la nervosité s'emparait déjà de moi. Haley, certainement alertée par les bruits dans la cuisine m'avait rejoins peu de temps après, et s'était assise à côté de moi sur le plan de travail. Stressée? m'avait-elle demandé,à en juger par mon réveil bien matinal. Je hochais la tête, et lui servais une tasse de café avant de la lui donner. T'imagines même pas comment! finis-je par admettre, penaude. Elle attrapa une pomme et croqua dedans avant de me dire que je ne devais pas être si soucieuse, que tout se passerait bien. Elle avait l'air convaincu de ses encouragements, et ça me faisait chaud au coeur de voir ma petite soeur me soutenir. On fini par parler de la pluie et du beau temps, elle me racontait ses journées au lycée, je lui racontais la galère qu'était les bancs de la fac, et elle me répondit gentiment qu'en même temps, il fallait pas être blonde pour être avocat, et ça se fini en une joyeuse chamaillerie. J'avais tellement de chance de l'avoir prêt de moi, ça faisait trois ans maintenant qu'elle vit avec nous et maintenant je ne m'imagine plus une seule seconde sans elle, elle n'avait que douze ans quand elle a débarqué ici, j'avais dû jouer mon rôle de grande soeur mais bien plus encore, elle avait perdu sa mère, n'avait jamais connu notre père, alors j'avais dû être là pour elle, et j'étais fière de ce qu'elle devenait. Je me sentais ridicule parfois à côté d'elle, Haley est quelqu'un d'intelligent, une personne douce et elle a la tête sur les épaules, je suis beaucoup plus frivole qu'elle et parfois j'ai l'impression que la grande c'est elle. Une chose est sûre, heureusement pour moi qu'elle n'est pas la même personne que j'étais à son âge, si non j'aurais eu toutes les peines du monde à la gérer. Lullaby et moi avions fait les pires conneries à quinze ans, ma cousine et moi étions simplement ingérable, et personne n'était là pour nous remettre sur le droit chemin, on avait dû se recadrer nous-même. Et parfois notre maturité laisse gravement à désirer, mais ça c'est un autre combat. Pour détendre l'atmosphère Haley commença à chanter Another Love de Tom Odell, et je la suivi, ça nous arrivait souvent de chanter ensemble, en réalité je chantais n'importe quand et n'importe où, et c'est cette fâcheuse manie de chanter tout le temps qui me valait ma nervosité de ce matin. Je m'explique. Un jour j'ai débarqué ma guitare sur le dos, chez mon meilleur ami Jules pour passer une soirée avec lui. Quand je suis arrivée il n'était pas seul, mais en compagnie d'un de ses amis Fallon que j'avais déjà croisé quelque fois, Jules proposa qu'il reste et qu'on passe la soirée tous les trois. Au hasard d'une conversation, Jules me demanda de sortir ma guitare pour que je chante quelque chose, je m'étais exécuté, bien qu'un peu timide de chanter devant quelqu'un que je ne connaissais pas je m'étais dit que c'était rien de grave, après tout c'était juste un ami de Jules. Alors je m'étais lâché et j'avais chanté, j'avais enchaîné comme ça plusieurs chansons, pour le plus grand plaisir de mon meilleur ami visiblement. Quand j'étais à la guitare ou au piano je me sentais plus confiante, et puis c'était sympa de chanter devant des potes. Seulement une fois ma prestation terminée, Fallon, l'ami de Jules, me regarda très sérieusement et me dit que j'avais du potentiel. Au début, je croyais à une blague, puis il me dit qu'il avait une agence à Manhattan, qui avait pour but de dénicher et faire connaître les jeunes talents, alors à ce moment là je pensais qu'il se foutait royalement de moi, je l'avais regardé en fronçant les sourcils, avant que Jules ne confirme ce qu'il venait de dire. Et Fallon ajouta simplement que si jamais ça me disait, je pouvais toujours passer, ou appeler à un numéro qu'il nota sur une carte avant de me la donner. J'étais abasourdie, à vrai dire je n'avais pas franchement compris ce qui m'arrivait, et on avait changé de sujet, sans plus jamais y revenir pour le reste de la soirée. Voilà comment j'avais récupéré le numéro de l'entreprise “ Weiss Industrie ”. Après plusieurs longues semaines de doute, et après maintes et maintes recherche sur internet pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une grosse blague, j'avais appelé le numéro, et une jeune femme me donna une date de rendez-vous.
Voilà comment pourquoi je me retrouvais assise sur le plan de travail de la cuisine de la villa, en train de chanter avec Haley pour tenter d'évacuer mon stress. Bien piètre essaie d'ailleurs, parce que mon estomac était toujours aussi noué. Je finis par quitter la cuisine pour me préparer, puis je tuais le temps jusqu'à dix heures du matin en travaillant sur mes cours de droit. Quand ce fut enfin l'heure que je quitte la villa, une bouffée de chaleur et de craintes m'envahit, je ne savais pas à quoi je devait m'attendre, je ne savais pas vraiment pourquoi il voulait me revoir, en fait j'étais dans l'incompréhension total de ce qui m'arrivait. Je pris ma guitare parce que je devais aller au conservatoire dans l'après-midi, j'attrapais au passage mon téléphone portable et enfilais mes vans noires, puis m'éclipsais rapidement de la villa, ma guitare sur le dos. Je ne mis pas très longtemps avant de trouver l'immeuble abritant la société de Fallon, et arrivée devant les portes vitrées de l'accueil, je me stoppais quelques minutes. J'étais là, moi la petite April, drôle et un peu paumée, j'étais là avec ma guitare sur le dos, je baissais les yeux sur mes vêtements, un t-shirt over-size blanc, une jupe patineuse noire s'arrêtant à mie-cuisses, une large veste bordeaux, et mon énorme écharpe. J'aurais peut-être dû m'habiller un peu plus classe, mais j'avais toujours eu ce côté rock, et j'avais pas franchement réfléchit à la manière dont je devais m'habiller. Bon, de toute façon, il était trop tard pour changer quoi que ce soit. Je pris donc mon courage à deux mains et m'avançais dans le hall. J'annonçais mon nom et mon prénom à l'accueil, et la jeune femme m'indiqua le bureau de Fallon, autant vous dire que je n'en menais pas large. Je pris les escaliers -j'aime pas les ascenseurs.. bon d'accord, oui, je cherche à reculer l'échéance par tous les moyens, mais il ne faut pas le dire, donc je reste sur ma première excuse, j'aime pas les ascenseurs- avant d'arriver enfin devant la porte de Fallon. Je restais prostré devant la porte, avant de trouver le courage de frapper, j'étais clairement tétanisé, je n'avais aucune idée de ce que je faisais ici. Je ne savais pas si je devais le vouvoyer, l'appeler monsieur Weiss, je ne savais pas non plus ce que j'étais sensé dire, ni même faire. J'essayais de reprendre une profonde inspiration, alors que j'entendais déjà ses pas se rapprocher derrière la porte.  

Je n'étais pas réellement sereine, à vrai dire je n'avais jamais jugé avoir un talent particulier pour la musique. J'étais dans une famille où le droit était quasiment le seul chemin professionnel à suivre, mon père n'imaginait pas une seule seconde que ma place soit autre part que dans le cabinet familiale, heureusement pour lui il n'est plus là pour savoir ce que je fais de ma vie. Quant à ma mère, je n'ai plus de nouvelle d'elle depuis mes douze ans, non la seule personne dont je craignais la réaction, c'était mon oncle, le padre Williams premier du nom, mon tuteur légal depuis mes douze ans. C'est pour cette raison que j'avais gardé mon rendez-vous à Weiss Industrie secret aux yeux de tous, mis à part ma petite soeur. Je ne savais pas où se rendez-vous allait me mener, quel concession j'allais devoir faire, ni si il allait vraiment aboutir à quelque chose, alors je n'en avais pas parlé au reste de la famille, ah oui parce que vous ne les connaissez pas vous, les Williams! Un rien peu créer un tsu-nami alors, autant prendre ses précautions et commencer par voir où tout ça me mène. Et pour l'instant, ça m'avait mené là, devant la porte de Fallon Weiss. Mes mains tremblaient, et mon coeur cognait mais j'essayais de ne pas me démonter et frappait à la porte. Il fallut peu de temps à la porte pour s'ouvrir sur deux hommes, l'un était Fallon, et le second un -très très très- bel homme. Ils étaient tous les deux très grand, plus d'un mètre quatre-vingt, ce qui ne m'aida pas à me détendre. En effet, du haut de mon minuscule mètre soixante, je n'en menais pas large, je souriais tout de même au -très très très très très- bel homme qui s'avérait être un poulain de Fallon. L'inconnu s'éclipsa après que Fallon l'ai congédié, et ce fut sur moi que son attention se porta ensuite. Bonjour mademoiselle vous devez être Mrs. Williams ? Entrez je vous en prie ! Il me vouvoyait, je n'avais que trop peu l'habitude qu'on me vouvoie, même les professeurs à l'université ne le font pas. Je souriais timidement en hochant la tête à sa remarque, effectivement il ne s'était pas trompé. Bonjour monsieur Weiss. articulais-je d'une voix effacée. Je m'avançais vers son bureau, le sentant fermé la porte derrière moi. Je me forçais à respirer lentement et garder un visage souriant et ouvert comme j'avais toujours su le faire.  Asseyez-vous, je suis heureux de vous revoir ! Désirez-vous un café ou quelque chose à boire ? Je m'exécutais, posant ma guitare à côté de moi et m'asseyant sur un siège, juste à face de lui, devant son bureau. Il avait l'air sincèrement contant que je sois là, c'était troublant. Tout le plaisir est pour moi, vraiment! c'est vrai, c'était à peine croyable pour moi d'être assise ici, dans une entreprise de découverte de jeune talent. Malgré mon stress palpable, j'étais excité et heureuse d'être ici. Je.. je veux bien du café s'il vous plaît. oui un café me ferait le plus grand bien, j'en étais au quatrième depuis ce matin mais j'avais toujours été une accroc à la caféine. Ça devait être un truc de famille, Lullaby et moi pouvions s'avaler deux, voir trois cafetière par jour à nous deux. et en période d'examens c'était pire, je pouvais en boire toute la nuit. Mais le meilleur café qu'on pouvait prendre avec ma cousine, c'était le café post-gueule-de-bois, lui on l'appréciait vraiment. Il y avait aussi celui qu'on prenait avant l'arrivé du padre, de mon oncle. Il nous donnait la force d'affronter le patriarche Williams. Enfin bon, fini l'apologie du café, je mourrais d'envie de savoir ce qui allait se passer. Je faisais inconsciemment trembler l'une de mes jambes sous la chaise. Je me sentais euphorique mais en même temps toute petite, je n'avais pas vraiment l'impression d'avoir ma place ici et je me demandais ce que Mr. Weiss allait faire de moi. J'avais suivit un parcours exemplaire au conservatoire, certes, j'étais douée au piano, à la guitare et au chant, mais je pensais que c'était accessible à n'importe qui? Peut-être pas! J'avais toujours été passionnée par la musique et le chant, mais dans ma famille on ne faisait pas de l'art un métier, ça devait rester un loisir. Que je sois douée ou non ça ne faisait aucune différence pour eux! Fallon revint donc avec deux café, et m'en donna un, je le remerciais. J'avais du mal à le regarder dans les yeux, il semblait tellement impressionnant dans son costume, bien plus que quand on était chez Jules.