◮ Depuis combien de temps es-tu à New-York ? Depuis ma naissance. Oh je ne vis pas dans le quartier le plus populaire ni même le plus cher, mais j’aime assez ça, la tranquilité.
◮ Que penses-tu de la guerre entre les deux clans ? Ce que j’en pense ? Sincèrement ? Ça ne me fait ni chaud ni froid. Disons que je me préoccupe avant tout de mes études et éventuellement d’en foutre une à ceux qui me les chauffent, de mon côté. Ça m’occupe déjà pas mal, vous savez. En plus, je trouve leurs jeux tout bonnement stupides, puériles. S’ils veulent gaspiller leur énergie, leur argent et leur image de la sorte, qu’il le fasse, tant qu’il ne touche pas à mon petit monde. Après tout, l’argent ne tombe pas du ciel, pas chez moi, en tout cas.
◮ Crois-tu qu'un jour tu pourrais prendre parti/as-tu déjà choisi ton camp ? Je préférerais ne jamais avoir à prendre parti, c’est certain. Le temps c’est de l’argent par chez moi. J’aime mieux, alors, plonger ma tête dans les bouquins que je dois avaler pour réussir mes examens et pourquoi pas bosser avec mes patients. Ce n’est pas de tout repos que d’être interne. Mon boulot me prend toute mon énergie, c’est ma vraie passion. Et selon moi, cette passion est plus intéressante et épanouissante que la leur.
◮ As-tu des proches impliqués dans la guerre ? Jusqu'alors, je n'avais aucun proche lié à la guerre dont vous parlez tous. Cette année, j'ai fait la rencontre de Elijah qui semble plutôt impliqué mais je n'en sais que peu de choses. Il ne m'en parle pas vraiment. En tout cas, il ne m'en a pas parlé jusque-là.
◮ Selon toi, qui en sortira vainqueur ? À quoi bon parier là-dessus ? Tout ce que je peux et veux dire, c’est que celui qui en sortira vainqueur sera celui qui sera le moins blessé d’entre tous. Et encore, ce n’est pas si certain que ça.
◮ Que penses-tu de New-York ? C’est une chouette ville où vivre. Je m’y sens bien, j’aime y travailler, j’aime y sortir. Vraiment, c’est une ville normale si on fait abstraction de leur guéguerre.
◮ Quels sont tes activités favorites ? Assister à des opérations, disons que c’est plus une passion qu’une activité récurrente. Elle n’est pas aussi récurrente que celle d’aller au cinéma, par exemple, ou de sortir entre copines. Bon, il est vrai que je traîne beaucoup avec des garçons aussi, mais ce sont d’autres genres de sorties. Bah quoi, je suis à l’aise avec les garçons, c’est tout.
◮ Te sens-tu en sécurité à New-York ? Je crois que oui. Je ne vois pas trop pourquoi je ne le serais pas. On n’y vole pas plus qu’ailleurs. En plus, je sais relativement bien me défendre.
◮ Veux-tu rester à New-York jusqu'à la fin de tes jours ? Oui, à moins d’une réelle opportunité ou d’avoir trouvé quelqu’un qui souhaite voyager, s’en aller, peu importe la raison.
◮ Penses-tu avoir des amis sincères ? Sans aucun doute. Peut-être suis un peu trop naïve quand il s’agit de l’amitié ? Allez savoir. En tout cas, je fais confiance à ceux qui traînent avec moi. Il faut beaucoup pour gagner réellement ma confiance, pour que je me dévoile vraiment, mais je suis quelqu’un d’extraverti donc je n’ai pas de mal à aller vers les autres. Pour être appelé « ami », il faut donc plus que faire la causette de temps en temps, aux pauses, avec moi.
◮ Qu'aimerais-tu changer dans cette ville ? Absolument rien. Enfin, si, peut-être que si cette fameuse Elite cessait de n’en faire qu’à sa tête, ça irait vraiment mieux, mais si tout le monde a su tenir jusque-là avant moi, à quoi ça sert de me fatiguer à changer le système ? Tant qu’ils ne m’approchent pas.
◮ Quel est ton plat préféré, ton style de musique et toutes les autres choses de ce genre ? Alors, de manière générale, j’aime ce qui est épicé et raffiné. Bon, je ne suis pas contre une pizza de temps à autres, surtout depuis que je suis interne, mais j’ai mes préférences. J’aime énormément la musique classique, ça a le don de me calmer, mais pour me défouler, rien ne vaut de la pop, qu’elle soit américaine ou d’une autre nationalité. Le rock, je ne suis pas une pro, mais si ça me plait, ça me plait. J’aime les parfums doux et subtils, ceux qui n’agressent pas les narines. Je suis plutôt du genre roman à l’eau de rose, même si les nouvelles fantastiques et historiques ne me déplaisent pas pour autant. Je mets de tout : robes, shorts, jupes et pantalons mais jamais dans le chic parce que je n’en ai pas les moyens et que c’est rarement à mon goût, trop snob. J’aime les films prenants, d’aventure, de romance, de cap et d’épée mais aussi fantastiques. J’aime la biologie et par-dessus tout la médecine. J’aimerais faire des prouesses dans la neurochirurgie parce que le cerveau humain me passionne, tant de complexité. Finalement, j’adore me déguiser, et ce dès que l’occasion se présente.
◮ Tu m'aimes ? Je ne te connais pas. C’est plus simple, non ?

« Dégage ! Dégage immédiatement, Enzo ! Tu es bien comme ton père ! Pas foutu d'être fidèle, pas foutu de l'être au moins pour ta fille ! », une jeune femme envoyait tout objet suffisamment lourd sans l'être de trop sur un homme qui, à en comprendre les mots utilisés, devait être son mari. En tout cas, jusque-là tout du moins. « J'ai toujours su que tu finirais par voir ailleurs. Tu as toujours besoin de plus. Tu n'es qu'un foutu misogyne qui collectionne les conquêtes ! Je ne sais même pas comment j'ai pu te dire oui à l'autel ! », elle ne criait pas, elle hurlait. Sa voix était tonitruante. Elle tonnait. Il n'y avait aucun doute quant à sa fermeté et sa rancœur. Elle avait le sentiment d'avoir été poignardée de toute part, piétinée et jetée comme un vulgaire mouchoir usé. Elle était haletante. On devinait aisément des soubresauts en découvrant sa silhouette. Elle était envahie par la panique et quelques secondes par-ci et par-là l'angoisse la tétanisait. De son côté, Enzo, l'homme pris sur les faits essayait vainement de démêler tout ça. Il ne semblait pas réaliser qu'elle était prête à faire de lui des miettes. « Mais... Cameron, je te promets que ce n'était qu'une erreur de parcours. Je ne recommencerai plus jamais. Je n'aime que toi... », il n'eut même pas le temps de finir sa phrase. Elle lui prenait son sac des mains et sans plus attendre, l'envoya valser dans le hall pour qu'il comprenne enfin le message. « Ne t'avise plus de remettre un pied ici, tu m'as bien entendue ? », elle était virulente, elle était violente, elle était amoureuse mais il venait de lui briser le cœur. Il n'y avait plus de « eux », il n'y avait plus qu'elle et lui. La vie de couple n'est pas évidente, surtout à New York. Tout le monde le sait ; les tentations sont légion. Ce n'est pas rare les couples qui divorcent. Et pourtant, ils étaient persuadés d'être différents. Cameron avait tout fait pour le bien de leur fille et voilà comment il la remerciait. Désormais, petite Calista, tu vas vivre seule avec ta mère.


Ça va faire maintenant cinq ans que tu ne portes plus son nom. À la base, c'était une décision de ta mère qui refusait de voir encore son nom s'afficher sur d'éventuels courriers ou même dans ton journal de classe. Tu ne t'en souciais pas plus que ça, en fait, puisque tu ne le voyais jamais. Apparemment, il ne cherchait même pas à te retrouver. Il devait être trop occupé par sa nouvelle vie, ses nouvelles occupations et toi, tu n'étais qu'un élément de cette ancienne chienne de vie. Alors, finalement, tu as toujours été fière de porter le nom de celle qui s'est occupée seule de toi. Plutôt mature pour ton âge, tu concevais ce que ça devait être pour elle, même si ce n'est que l'instinct qui parlait à cette époque. Tu faisais tout pour être sage et brillante à l'école pour ne pas rajouter un poids sur les épaules de la femme que tu admirais secrètement. « Plus tard, je serai ma maman ! » ou « Plus tard, je serai fière et forte comme ma maman ! », voilà ce que tu répondais quand on te demandait ce que tu désirais faire plus tard, dans l'avenir. Cet avenir était bien flou pour une petite fille de ton âge mais, quelque part, tu croyais que cette réponse valait toutes les autres puisqu'on n'est pas juste quelqu'un faisant son métier chaque jour mais quelqu'un qui a son caractère. En plus, tu avais beau n'avoir que trois ans, cette dispute t'a profondément marquée. Ils ne l'ont sans doute jamais remarqué. Qui réalise l'impact qu'a l'attitude sur un enfant qui parle mais sans savoir toujours aligner ses mots ? Ce jour-là, tu avais pu inviter une amie. Tu avais suffisamment travaillé pour l'école. En plus, c'était le jour où tu avais danse. Non, ta maman n'a jamais été de celles qui inscrivent leurs filles à la danse pour vivre, à travers elle, une telle passion déchirée. Elle n'a jamais été réellement narcissique. Juste ce qu'il faut pour ne pas s'oublier. En fait, c'est toi qui le lui avais demandé parce que ça te permettait de te canaliser. Il ne faut pas se mentir, malgré tous tes efforts, tu étais et resterais à jamais une fille turbulente qui fait tout de suite plus penser à un ouragan qu'à la rivière calme. Tu as toujours trouvé, dès tes débuts, dans la danse un véritable exutoire. Ce n'était pas de la danse populaire, même si tu sais bouger, tu as le rythme dans la peau, mais plutôt de la danse classique. Il te faut bien quelque chose de calme, de temps à autres, tu ne crois pas ? Beaucoup te croient gentille, sage et parfaite petite fille à cause de cette image, mais ils se trompent sur toute la ligne. Alors, tu as toujours laissé passer ce genre de commentaires stupides. Oui, tu as toujours été plutôt mature pour ton âge. Cela ne t'a jamais empêché, pour autant, de donner quelques gauches ou quelques droites à ceux qui le méritaient.


Tu étais adolescente, à l'époque. Tu as continué et tu continuais encore la danse. C'est vraiment une passion. Contrairement à beaucoup de préjugés, tu avais beau faire de la danse, cela ne faisait pas de toi une fifille et encore moins une fille superficielle. Tes amis, les vrais, le savaient. Beaucoup, malgré tout, essayaient de t'approcher de la pire des façons possibles. À ceux-là, tu répondais par un coup de poing bien placé. Tu n'y allais pas par le dos de la cuillère. Tu étais une fille qui faisait beaucoup parler d'elle à cause de son tempérament tout feu tout flamme. Tu as toujours été un véritable garçon manqué. Tu n'as jamais aimé les pyjamas partys. Ce n'était pas ton truc. Tu préfères te défouler à la course, discuter de jeux vidéos ou de séries avec des amis. La majorité de ceux-ci étaient des garçons, d'ailleurs. Les filles et leurs célèbres crêpages de chignons t'agaçaient. Et oui, mesdemoiselles de l'Upper East Side, il n'y a pas que vous qui êtes capables de vous faire des coups bas. Seulement, chez toi, dans ton école, dans ton environnement, c'était d'un tout autre ordre. Il n'y avait pas de vies gâchées bêtement à cause de caprices. Vous connaissez la dure loi de la vie ; se battre et se battre encore pour avoir ce qu'on mérite et que d'autres gaspillent. Si chez l’Élite la loi du plus fort, chez vous, c'est marche ou crève. C'est ce qui explique sûrement que malgré des embrouilles intempestives, tu as toujours aidé ceux qui t'entouraient et vice vers ça. « Tu as vu comment il t'a dévorée des yeux ? Je suis sûre qu'il a flashé ! », ton amie, Alicia, te parlait, évidemment, d'un garçon prénommé Zack. Seulement, voilà, toi, une fois de plus, tu n'avais rien remarqué. Tu t'étais attardé sur un nouveau qui avait besoin d'aide. C'est stupide mais tu n'as jamais regardé là où il le fallait, au bon moment. « Tu dis vraiment n'importe quoi ! Dis-lui, Marco ! », tu n'avais trouvé d'autres moyens que celui d'en parler à ton meilleur ami, histoire de clore le sujet. « Mademoiselle a sûrement peur d'être un peu plus féminine et moins féline. », à peine avait-il entamé sa phrase que tu étais déjà prête à lui bondir dessus pour le massacrer. Tu avais pourtant les joues rouges. « Je ne suis pas si violente que ça ! », tu avais beau dire, toi-même, tu n'y croyais pas. Tu as toujours été impulsive, tentée par les coups de poing et particulièrement rentre-dedans. Cela ne t'empêche pas de voir ce qui t'entoure et d'être plus douce, attentive aux autres, surtout aux cas désespérés dont personne ne s'occupe, parce que tu as toujours eu soif de justice. C'est comme ça, c'est dans ton code génétique, ma belle. Tu n'es pas de ces filles superficielles. Tu as appris à t'affirmer, à te faire une place qui ne plait pas forcément. Tu n'es pas mauvaise, tu n'es pas méchante. Tu es juste une fille qui préfère crier ou taper que de faire des manières pour rien. Avec ta soif de justice, tu ne lèves pas le poing que pour toi. Tu le fais pour ceux qui en valent la peine. Si ce fort caractère, surtout chez une fille, peut déplaire à certains, les autres te remercie. C'est aussi ça qui te permet de ne pas te faire marcher sur les pieds. C'est important pour toi. Tu n'admets pas d'être écrasée ni qu'on écrase tes amis. C'est une règle, une sorte de code d'honneur. Néanmoins, tu as toujours su, aussi, t'emporter pour deux fois rien. Tu es, en somme, une véritable lionne aux dents acérées. Tu es capable du meilleur comme du pire. Tu ne t'occupes juste pas des choses futiles de la vie, pas comme ceux qui dominent New York.


Battante et toujours aussi explosive - tu n'avais toujours pas appris à t'assagir -, tu t'es démenée pour avoir ce diplôme. Tu n'étais pas toujours passionnée par un cours, alors tu avais toujours fait ce qu'il fallait pour avoir au moins la moyenne. Par contre, quand tu étais inspirée, que cela te passionnait, il t'arrivait même de piocher parmi les bouquins de l'établissement pour en apprendre toujours plus. Tu n'étais donc pas vraiment constante, mais tu avais fait un effort particulier pour avoir une mention à ton diplôme. C'est grâce à cette mention, tes bons résultats et quelques efforts financiers de la part te ma mère mais aussi de la tienne que tu as pu être admise dans cette prestigieuse école de New York. Ah oui, dans quelle branche ? Celle de la médecine. En fait, tu rêves depuis peu de devenir neurochirurgienne. Les mécanismes du cerveau te bottent vraiment. Et c'est en intégrant cette école que tu as commencé à te frotter au monde des Rois et Reines de New York. Si cela ne dépendait que de toi, tu vivrais dans ta bulle, renfermée, et tu ne prendrais même pas la peine de leur parler. Leurs histoires te désespèrent et te font perdre tout espoir quant au genre humain. Tu as perdu foi en l'humanité. Alors, plutôt que de les écouter se chamailler, tu préférais écouter de la musique grâce à tes écouteurs, voire de livre un bouquin sur la science de préférence, ou un bon bouquin plus traditionnel. Tu voyais encore tes amis, plus ou moins fréquemment, à cette époque parce que même si tu bossais dur, d'arrache-pied, tu trouvais toujours un moment pour eux, pour t'aérer l'esprit, aussi. Fort heureusement, ils semblaient se prendre suffisamment la tête dans leur petit monde pour ne pas te remarquer. Tu étais une fille commune, après tout. Oui, tu étais sauvage, tu étais farouche et parfois bagarreuse, ce qui change beaucoup des filles huppées mais à part ça, tu ne faisais aucune esclandre, tu ne faisais pas de si grosses gaffes que tout le monde le savait. S'il t'arrivait d'envoyer balader un garçon sans le vouloir, n'ayant jamais compris qu'il était attirée par toi et que tu le remerciais bêtement quand il t'avouait finalement ses sentiments, tu n'es pas ce qu'on peut appeler communément un bourreau des cœurs parce que tu ne le fais pas exprès. Tu te demandes bien pourquoi, d'ailleurs, les garçons semblent être attirés par une fille aussi peu féminine, en tout cas d'un point de vue comportemental, plutôt déchaînée et surtout bagarreuse comme pas deux. Décidément, tu ne comprenais rien ni à leur guéguerre stupide ni aux garçons. Tu comprenais bien plus le fonctionnement d'un cerveau ou d'un corps humain. Tu aurais pu finir par croire que tu n'étais bonne que pour la science, les bouquins et les jeux vidéos si tu ne voyais pas encore souvent Marco, Peter, Scott ou encore Alicia.


Tu as terminé ton premier cycle. Tu es officiellement devenue un médecin, mais un médecin généraliste. Tu ne peux traiter que des cas très courants. Pourtant, tu es déjà fière d'avoir réussi ça. Ce n'était pas une mince affaire. Ça t'a souvent pris la tête, ça t'a demandé énormément d'investissement et d'énergie. En plus, contrairement à la majorité des étudiants friqués, tu dépendais d'une bourse accordée grâce à tes résultats. Tu n'avais pas le droit de rater. Par conséquent, tout cela t'avait mis une sérieuse pression. Heureusement, désormais, tu travailles en tant que résident, en tant qu'interne en médecine. Tu as toujours l'ambition de devenir une neurochirurgienne. Aucune autre spécialité n'a pris cette place. C'est le cœur bien accroché, des rêves plein la tête que tu t'accroches à ton rêve, à ton but et aux années qui t'attendent encore. Depuis ce premier jour à l'université, tu as encore changé. Pas complètement, mais disons que tu t'es toujours plus ouverte aux autres, tu as muri aussi, mais tu gardes cette réputation de lionne, de fille qui n'a pas froid aux yeux. Tu ne te laisses toujours pas marcher sur les pieds et tu en as brisé des cœurs, toujours plus au fur et à mesure que le temps file. Désormais, tu as moins de temps à accorder à tes amis qui ont leurs propres préoccupations, mais tu n'es pas seule. Tu découvres de plus en plus de tête, surtout depuis l'internat. Des têtes que tu verras tous les jours, dorénavant. Encore plus intensément et souvent que lors de ton premier cycle. Après tout, vous dormirez dans un même hôpital, quand vous êtes de garde ou que vous préférez rester là que d'aller dans votre colocation, vous mangerez et boirez dans cet hôpital. Vous aurez des querelles enfantines comme sentimentales. Tout est possible dans un hôpital, tout est possible quand on vit vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec des personnes qui ont chacun leurs bagages, leurs histoires, leurs blessures. Ce n'est pas la même chose qu'un nouveau bébé. C'est bien pire. C'est une sorte de vie en colocation. Tu es certaine que ça t'apprendra encore plein de règles de la vie, de la vraie vie. Pas la vie de l’Élite. En parlant d’Élite, tu as récemment rencontré un garçon qui semble aussi noir que mystérieux. Tu le sais parce que tu le sens, tu le comprends en le côtoyant. Tu es au courant, mais vaguement, d'une histoire avec les Lys, justement. Il s'appelle Elijah. Au fond, il n'a pas l'air d'un mauvais bougre. Tu cherches, depuis que tu l'as rencontré, à le sonder. C'est ton truc, toi, de sonder les gens tel une machine à rayons X. Il refuse de te répondre quand c'est trop personnel, il a des réactions virulentes, mais tu ne le lâches pas. Tu n'abandonnes pas. Tu ne baisses pas les bras aussi rapidement. Tu es une énigme à toi toute seule, alors pourquoi est-ce qu'une autre énigme te ferait peur ? En plus, avec ton répondant naturel, il n'y a aucun doute, il se confronte à plus difficile qu'il n'a pu le croire. Tu ne cherches pas à le sonder pour le casser. Tu cherches à le sonder pour t'en faire un allié, un ami, éventuellement quelqu'un avec qui passer du bon temps. En plus, tu es de nature curieuse. Tu ne le caches pas. Pourtant, contrairement aux autres filles, aux filles de l’Élite, tu as du respect pour lui, comme pour tout le monde. Tu connais le bénéfice du doute qui sauve bien des situations, surtout des rencontres. Tu as un sens moral. Il le comprendra avec le temps. Non, tu ne te décourages pas !