J'avais demandé à Clélia si elle acceptait de garder Seth aujourd'hui, j'avais de nombreuses choses à régler et je préférais que Seth soit au chaud chez sa marraine. Je n'avais rien dit à Clélia sur la situation, je ne voulais pas qu'elle s'inquiète, mais moi j'étais morte d'angoisse. Hier soir en rentrant de mon service au restaurant, une énorme masse m'étais tombé dessus. Un homme très baraqué avait empoigné mon bras en me poussant dans une ruelle, il m'avait regardé dans les yeux et m'a dit que je devais ramener l'argent très rapidement où ça se finirait mal, il ajouta que j'avais jusqu'à demain soir puis il m'avait lâché et avait disparu. J'étais restée prostrée quelques minutes, je savais très bien de quoi il parlait. Un jour, j'avais accepté quelques chose que je n'aurais jamais dû accepter, et je m'étais fichu dans une belle merde. J'ai repris ma respiration et j'ai décidé de rentrer chez moi. Je suis allée chercher mon courrier et la sentence était tombée, deuxième bombe de la soirée, après de nombreuses menaces d'expulsion pour retard de paiement je devais quitter les lieux avant après-demain matin. Après-demain matin? Après-demain matin. Mes yeux avaient relu la date une dizaine de fois. J'étais partie chercher Seth chez ma voisine, encore abasourdie par le choque de la nouvelle. J'avais essayé de ne pas me démonter, même si ce n'était qu'un bébé je savais qu'il ressentait mon angoisse et je ne voulais pas inquiéter mon petit bout. My little human. Mais qu'est ce que j'allais faire? Si je ne trouvais pas de solution rapidement, les services sociaux allaient me tomber dessus. Alors j'avais tenté de me calmer mais la nuit avait été très longue, incapable de dormir je m'étais tourné et retourné dans mon lit en pensant aux deux gros ultimatum qui venaient de m'être posé. J'avais décidé de déposer Seth ce matin chez Clélia, parce que ce que j'avais à faire n'était pas franchement glorieux. Une fois seule dans mon studio, je ressortais un sac caché sous une tonne d'affaire. C'était un sac east-pack noir, banal, un peu déglingué, rien de spécial me direz vous, mais à l'intérieur j'avais environs l'équivalent de 300$ d'herbe. Ne vous méprenez pas, je n'ai jamais cautionné ce genre de trucs, et je n'en ai jamais consommé, seulement dans une sombre histoire je m'étais retrouvé mêlé à tout ça, je devais gagner un bon paquet d'argent si je revendais tout, mais ça faisait plusieurs semaine que j'avais fait trainer les choses, et ceux qui m'avaient en quelque sorte embauché (même si dans les faits, je m'étais retrouvé avec un couteau sous la gorge, y'a plus sympa comme entretient d'embauche) commençaient à s'impatienter. D'où le gros molosse d'hier soir. J'avais cherché toute la nuit une solution pour revendre tout ça mais je n'avais aucun contact, je n'avais qu'une personne à qui je pouvais parler de tout ça et c'était Thom. Ça ne m'enchantait pas d'aller le voir, mais pour le coup, c'était le seul à qui je pouvais demander de l'aide.  J'avais enfilé une jupe noire, un t-shirt trop grand pour moi blanc, enfilé mes vans noir, une veste grise et une grosse écharpe, puis j'attrapais le fameux sac. Je n'étais pas rassurée dans les rues de New-York, je suis pas le genre de personnes qui fait ce genre de trafic, et pourtant c'est exactement ce que j'étais en train de faire. Je voulais juste me débarrasser de tout ça, donner le fric aux hommes qui me le demandait, je n'avais même plus envie de toucher ma part dans ce truc, je voulais juste me sortir de tout ça. C'était dangereux pour moi, pour Seth, et ça m'angoissait. En une vingtaine de minute, j'étais devant l'immeuble de Thom. Je prenais une longue inspiration et sonnais à l'interphone. Il m'ouvrit, je montais jusqu'à son appartement et entrait. J'arborais un immense sourire enfantin comme à mon habitude, bien loin de refléter tout mes problèmes, et quand il arriva en face de moi je lui sautais au cou. Prim' ! Comment vas-tu ? Que viens-tu faire ici ? Il n'avait pas bonne mine du tout, je m'en voulais déjà d'être ici, Thom avait bien assez de problème comme ça.. je lui faisais un bisou sur la joue, et haussais les épaule en gardant mon sourire. Il me faut une raison spécial maintenant, pour venir voir les gens que j'aime? Lançais-je, sur un ton enjoué. Je posais mon sac sur la table et pris place dans le fauteuil que m'avait indiqué Thom. J'étais tendu mais j'essayais de ne pas trop le faire paraître, et je lui demandais simplement s'il avait du coca. Il revint et me donna une canette de soda, je le remerciais et attendais qu'il prenne place en face de moi. J'avalais une gorgée de ma boisson, mais mon estomac protesta en se tordant, je n'avais rien avalé depuis deux jours, je n'avais plus rien dans mon frigo pour moi, il me restait que de la nourriture pour Seth, et j'avais pas pensé à aller faire les courses, de toute façon j'étais tellement angoissé que je ne pouvais rien avaler. Je savais qu'il se demandait ce que je venais faire ici, et franchement, moi même je ne savais pas trop. Je laissais tomber mon sourire, de toute façon je savais qu'il n'y croyais pas. Je suis dans la merde Thom.. ceux qui m'ont "engagé" pour revendre veulent que je leur amène l'argent ce soir, sans quoi.. je sais pas, je sais pas ce qu'il se passera, mais je peux pas, enfin, j'ai vendu la moitié de ce qu'ils m'avaient filé, il m'en reste trop, et je sais pas quoi faire. je gardais mon sang froid, ça ne servait à rien de paniquer. Je m'en veux de m'être laissé entraîner là dedans, vraiment je m'en veux, j'aurais jamais du accepter, enfin j'avais pas eu le choix mais.. j'ai envie que tout ça s'arrête, j'ai jamais voulu ça.. c'était l'une de mes seules connaissance, pour ne pas dire le seul, à savoir que j'avais touché à ce genre de trafic, et je ne voulais pas que ça se sache, pour rien au monde, je n'étais pas ce genre de personne loin de là. Je décidais de ne pas parler à Thom de mon autre gros soucis, je n'étais pas venu ici pour me plaindre, et même si ne pas savoir où j'allais dormir demain soir m'angoissait, Thom n'avait pas besoin d'être au courant. J'étais étonnement calme, je ne souriais plus mais j'étais calme, j'avais juste besoin de son aide, cette fois-ci je n'y arriverais pas toute seule. J'avais toujours mis un point d'honneur à me débrouiller seule, les gens ont leurs problèmes, ils n'ont pas besoin des miens. Mais cette fois-ci, je devais ravaler mes principes..

Je me sentais terriblement coupable de tout ce qui se passait aujourd'hui. J'avais passé plusieurs mois à prouver aux services sociaux que j'étais capable d'élever mon fils, mais pourtant aujourd'hui tout s'écroule. Peut-être que l'assistante sociale qui m'avait descendu pendant des semaines avait raison, peut-être que je n'étais pas capable d'endosser une telle responsabilité. Je commençais à douter, c'est la première fois que je doutais autant, j'avais peur, en fait j'étais terrifiée et je m'en rendais compte. Depuis l'annonce de ma grossesse, je n'avais quasiment jamais accepté l'idée que j'avais peur, mais aujourd'hui j'étais vraiment morte de trouille. Je ne devais pas me laisser démonter mais j'avais besoin d'aide, et j'en avais honte. Je savais que Thom ne me jugerait pas, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être terriblement gêné. J'essayais tout de même de garder la sourire parce que je voyais au trait tiré de mon ami qu'il avait besoin de me voir sourire. Je lui racontais néanmoins ce qui m'amenait. Combien ? Combien il te faut Prim' ? J'ai assez d'argent moi.. Je peux t'aider, je le veux même. Alors dis-moi. il s'était levé, je ne m'attendais pas à une telle réaction. Non je ne voulais pas qu'il paie tout, c'était pas à lui de faire ça c'était ma merde je devais me débrouiller, il ne pouvait pas me donner tant d'argent.. c'était impensable! Je.. ils.. je suis sensée en vendre pour 1000$, j'en ai déjà vendu environ 700$ et si je leur donne pas les 300 restant, je sais pas ce qu'ils vont me faire, et j'ai pas envie de le savoir mais.. Mais Thom tu peux pas me donner tant d'argent je venais juste pour savoir si tu en voulais un peu, mais jamais je n'accepterais une telle somme, c'est moi qui me suis fichu dans tout ça, c'est à moi de m'en sortir.. Je.. Attend.. Si tu dois payer ces salops, comment tu vas faire pour chez toi ? T'as ton loyer à payer ! Il n'est pas question que tu continues dans ce genre de marché, Primerose ! ah, mon loyer. S'il savait. Ils m'avaient promis un pourcentage plus qu'alléchant pour ça, on devait faire 50-50, puis ça a baissé, et aujourd'hui, je pense qu'ils ne comptent pas me donner le moindre dollar en échange, j'ai été bête de croire en eux, je sais j'ai vraiment été idiote, et je sais que j'ai mon loyer à payer, et mon frigo à remplir, et un bébé à nourrir et c'est pour ça que j'ai fait ça, parce que ça fait des semaines que je reçois des menaces d'expulsion parce que mon boulot ne me permet pas de payer toutes les factures, mon patron me paie pas ce qu'il me devrait pour les horaires que je fais et ils me sont tombés dessus, j'avais l'impression que c'était la seule solution et.. Jusque là j'étais restée calme et j'avais gardé mon sang froid, mais je venais, sans vraiment y réfléchir, de dire que j'allais me faire expulser de chez moi, et tout le reste, et exposé les faits à quelqu'un les rendaient encore plus réelles, je me rendait compte de l'ampleur de ce qui m'arrivait. Je marquais une pause, afin de prendre conscience de ce qui m'arrivait. Je baissais la tête, terriblement honteuse, et ajouté à mis-mots et je suis morte de peur, Thom..

Une immense honte m'accablait, je n'avais jamais eu besoin de quémander de l'aide à qui que ce soit et je me sentais terriblement minable d'en être arrivé là. Ce n'était pas la façon dont ma mère m'avait élevé, elle avait toujours su s'en sortir avec rien, et mon frère et moi n'avions jamais manqué de rien. Si seulement elle me voyait aujourd'hui, elle en serait malade. Je suis tellement désolée pour elle, je n'avais jamais osé lui décrire ma situation, ni même lui avouer que j'avais eu un enfant, elle m'appelait souvent mais j'étais incapable de lui faire savoir que j'échouais lamentablement là où elle avait réussi. Je ne voulais pas lui faire de peine, la mort d'Aaron l'avait déjà anéantis il y a trois ans et demi je ne pouvais pas lui briser le coeur une nouvelle fois. J'avais essayé de toute mes forces, mais j'avais échoué, j'étais minable. Je n'avais plus d'autre choix que d'en parler, pas pour moi mais pour Seth, si j'avais été seule j'aurais trouvé une autre solution quitte à me retrouver dans un foyer social pendant quelque temps, mais j'aurais tout fait pour ne pas importuner qui que ce soit. Seulement je devais penser à mon petit bout avant tout, il était ce que j'avais de plus précieux. La seule chose que j'ai de bien. L'assistance sociale avait raison, je n'étais qu'un bébé, un bébé qui a eu à son tour un bébé. Et Seth ne devait pas souffrir de ma situation, jamais je ne le permettrait. Alors j'avais ravalé ma fierté et ma honte, et je m'étais confiée à Thom. C'était tellement difficile, si vous saviez. Il y avait cette voix en permanence dans ma tête, qui me susurrait que j'étais une incapable, que je n'avais pas de courage, que j'étais faible. Thom fini par s'éclipser, me laissant seule avec ma honte, j'avais envie de partir en courant, je n'aurais jamais dû venir le voir, je n'aurais jamais jamais jamais dû. Les remords m'envahissaient, j'étais minable, il devait me trouver minable aussi maintenant, fragile, et incapable de me débrouiller. Il revint vers moi, une liasse de billet dans les mains. Écoute Primerose, tu vois cet argent, il est pour toi. Je veux que tu le gardes, d'accord ? Je veux t'aider et je vais t'aider, sois en certaine. il plaça l'argent dans ma main, très vite je compris qu'il y avait plus que ce que je devais tirer de ma vente. J'étais gênée, terriblement gênée même, je ne pouvais pas accepter. J'allais protester quand il il s'assit de nouveau dans son fauteuil et reprit la parole Et.. Pour ton loyer, j'ai peut-être une idée, ne t'en fais pas, je ne vais pas te donner de l'argent pour ça aussi, c'est une autre proposition. Je m'asseyais à mon tour, lentement, encore abasourdit par ce que Thom venait de faire, et je n'étais visiblement pas au bout de peine. Je levais mon regard vers lui, appréhendant sa proposition. Je vais peut-être paraître direct, enfin, je vais être direct, mais, c'est pour ton bien. Si tu le veux, tu peux venir habiter ici, chez moi, juste le temps que tu trouves un bon job et de quoi payer ton loyer. Seth et toi, venez, j'ai une chambre de libre là-bas. S'il te plaît, ne refuse pas cette aide, vient. Je fronçais légèrement les sourcils de stupeurs, et restais sans voix. Je refusais de vivre au crochet de quelqu'un, c'était hors de question.. Mais est-ce que j'avais vraiment le choix? Je ne pouvais pas laisser Seth dormir dehors, je ne pouvais pas non plus risquer d'aller dans un foyer avec un bébé d'un an! Mes yeux ne quittaient plus ceux de Thom, je ne savais pas quoi dire, je me sentais mal, mes yeux s'embuèrent. Non, il était hors de question que je pleure, je ne pleurais jamais, je n'avais jamais pleuré, je ne pleurerais pas aujourd'hui, je ne me rendrais pas plus pitoyable et pathétique que je en l'étais déjà. Thom je.. je peux pas.. c'est trop, je ne pourrais jamais te rendre la pareille, je peux pas rester là et vivre à ton crochet, j'ai pas le droit de débarquer ici avec mon bébé.. Je.. L'envie de m'effondrer en larmes était de plus en plus vive, j'étais à seulement deux petits doigts de craquer, la honte, la peur, la fatigue, tout ces sentiments étaient en train de me bouffer littéralement, je me sentais oppressée, presque incapable de respirer. Mon coeur me faisait mal, et mon estomac était noué,aussi lourd qu'une pierre. Je marquais une courte pause, histoire de remettre de l'ordre dans ma tête, et de reprendre ma respiration. Je n'avais pas le choix, Thom ne me le laissait pas, et la situation ne me laissait pas non plus le loisir de refuser. Je.. D'accord.. J'accepte, mais ça sera pas long je te le promet, juste le temps que je retrouve un studio, et je travaillerai encore plus au restaurant, ou alors je me trouverai un autre boulot à côté peu importe mais ça ne sera pas long, on ne t'embêtera pas longtemps, je te le promet.. j'en revenais pas, je me détestais, je me détestais, je me détestais! Comment j'avais pu accepter une telle chose? L'argent, je pouvais trouver un moyen de le rembourser au fil du temps, mais je ne pouvais pas lui rembourser le fait de m'héberger, jamais je ne pourrais le remercier assez. Une larmes coula le long de ma joue, et j'enfouissais mon visage entre mes mains, je ne pouvais plus supporter son regard, les remords me pourrissaient, et je m'effondrais en pleure, j'étais fatiguée, depuis des mois je faisais des horaires de dingue pour m'en sortir, et j'en pouvais plus j'étais éreinté, j'avais besoin de quelques jours de stabilité, de ne plus avoir peur de dormir dans la rue chaque matin quand je me réveillais, j'avais besoin de manger à ma faim et de dormir plus de trois heures par nuit. Mon corps et mes nerfs lâchaient prise Je suis tellement désolée, j'ai honte, je suis désolée d'être si minable, d'avoir besoin de ton aide, je ne suis pas courageuse, je suis la pire mère du monde, j'ai tellement honte.. Si seulement j'étais courageuse.. Je suis désolée.. essayais-je d'articuler, les mots venaient en vrac, à flot entre les sanglots, mon visage était inondé de larmes, et mon corps entier était bousculé par des spasmes et des sanglots, j'avais envie de m'enterrer six pieds sous terre. J'étais à bout de forces, je m'en voulais tellement de débarquer ici et d'éclater en sanglots, il ne me connaissait pas comme ça, je souriais toujours peu importe ce qui m'arrivait, maintenant il savait exactement ce que cachait mon surplus de bonne humeur et mon dynamisme habituel. Il devait me trouver faible, et pitoyable, je ne voulais pas qu'on ai pitié de moi. Mais à ce moment là, j'étais redevenu une simple adolescente de dix-sept ans, fragile, et vulnérable.

Ça y est. J'avais atteint le point de non-retour, j'avais explosé, fondu en larmes, j'avais craqué. Je savais que je ne pouvais pas tenir éternellement en faisant comme si tout allait bien alors que tout allait mal. Mais la prise de conscience avait été tellement brutale, j'étais perdu, j'avais peur, à vrai dire j'étais tétanisée. Les filles de mon âge sont normalement encadrées par leurs parents, leurs professeurs, leurs familles, moi j'avais l'impression de nager toute seule dans le monde des grands, et je constatais avec effroi que j'étais en train de me noyer, je n'arrivais pas à sortir le tête de l'eau et tout ça, toute cette pression, toutes ses responsabilités, tout ce contre quoi je me battais tous les jours, c'était en train de me tuer. J'avais dû prouver à des assistantes sociales pendant des semaines entières que j'étais capable d'élever Seth et finalement, peut-être qu'ils avaient raison de mettre en doute ma capacité à m'occuper de mon petit garçon, peut-être qu'ils avaient tous raison quand il pensait qu'une adolescente de dix-sept ans n'avait rien à faire avec un bébé. Je mettais son avenir en péril, en n'était pas sûre de pouvoir lui offrir tout ce qu'il avait besoin et ça me rendait malade, il était toute ma vie et je voulais qu'il grandisse dans un foyer stable, qu'il ai tout ce dont il a besoin, je n'avais jamais roulé sur l'or pendant mon enfance mais am mère nous a toujours donné ce dont nous avions besoin, je pensais être capable d'en faire autant, mais aujourd'hui je voyais enfin la réalité en face, tout mes efforts étaient vains, je ne pouvais pas m'en sortir toute seule. Tout s'accumulait, je ne savais plus où j'en étais, j'avais juste besoin de me reposer sur quelqu'un, j'avais besoin d'aide. Et cette aide indispensable, Thom me l'avait offerte. Je m'étais obstinée tout ce temps à faire mon chemin seule, j'avais eu tord, et c'est à bout de forces que je me trouvais obligée d'accepter cette main que Thom me tendait. Thom était quelqu'un que les gens qualifiait de sans-coeur, je n'avais jamais été d'accord avec ça. J'avais cette fâcheuse tendance à trouver du bon dans chacune des personnes que je connaissais, mais le geste que faisait Thom aujourd'hui pour moi me prouvait  que jamais je n'avais eu tord de le considérer comme une belle personne. Comme quelqu'un de bien. Et je défiais quiconque de me dire le contraire. Malgré le fait que son geste soit merveilleusement gentil, je me sentais mal et honteuse d'accepter son aide -indispensable- j'avais l'impression d'échouer, et de profiter de lui alors que ce n'était pas du tout le cas, mais ça me mettait mal-à-l'aise d'accepter cet argent, et d'accepter qu'il m'héberge sans rien pouvoir lui offrir en retour. Primerose, écoute-moi. Que tu ne me rendes pas la pareille, je m'en fous royalement, d'accord ? Tout ce que je veux, c'est que tu vives bien et que tu sois en sécurité ! Ensuite, tu verras, ce n'est pas si horrible que ça de vivre à mon crochet... Et tu as tous les droits, Prim'. je n'avais pas le choix que d'accepter de toute façon, j'étais au pied du mur et je n'avais pas d'autre solution, je savais d'abord penser à Seth. Alors j'acceptais son offre, bien que ça ne m'arrache le coeur de ne pas avoir été assez forte pour me débrouiller seule. Ce que faisait Thom était absolument extra-ordinaire, il ne se rendait même pas compte de ce qu'il m'offrait. J'étais rassurée de savoir que Seth n'aura pas à dormir dehors ce soir, ni les autres soirs, mais je me sentais mal, terriblement mal même, à cause de la honte, de la culpabilité et de cette impression d'échouer. Je m'excusais au près de Thom, j'étais persuadée que l'image qu'il avait de moi avait totalement changée maintenant, et qu'il me prenait pour une adolescente débile, faible, et tout sauf courageuse. Je m'excusais encore et encore, parce que j'avais honte de cette image que je lui donnais, j'avais honte d'avoir besoin de lui pour ne pas me retrouver à la rue. Et je fini par m'effondrer en sanglot, étouffée par tous les sentiments qui me traversaient, épuisée par la vie que je menais, épuisée par la crainte aussi. Je vis Thom s'approcher de moi, et il fini par me prendre dans ses bras, il me serra un peu plus fort après que je lui ai dis que j'étais désolée. Son contact était réconfortant, et je passais mes bras autour de lui pour le serrer aussi, j'avais besoin de me raccrocher à quelqu'un. Et il était là. Tu n'as pas à être désolée, d'accord ? Je ne veux pas que tu t'excuses ! Pas envers moi, en tout cas, jamais. Et, crois-moi, tu es l'une des personnes les plus courageuses que je connaisse, tu n'es pas minable du tout et sache que Seth a de la chance de t'avoir comme mère. Tu es là pour lui et tu fais tout ce qui est possible pour qu'il vive merveilleusement bien. Tu es une bonne mère pour ton âge. Mon aide je te l'offre. C'est avec plaisir que je vous accueil ici, ok ? Je veux vous aider, je veux que le petit vive dans de bonnes circonstances ainsi que toi ! Ses paroles me rassurèrent énormément, me redonnant une once de confiance en moi. Il me trouvait courageuse et j'étais véritablement bouleversée de l'entendre, je pensais réellement elle la personne la plus faible au monde, mais Thom n'avait pas l'air d'être d'accord avec moi sur ce point et ça me réconfortait un peu. Je vivais dans l'angoisse permanente de décevoir le gens que j'aimais, et savoir que je n'étais pas en train de décevoir Thom même en lui montrant les facettes de moi dont j'avais honte me rassurait énormément. Mais ce qui me toucha le plus, c'est qu'il pense de moi que j'étais une bonne mère, les assistantes sociales avaient rabâchés des semaines durant que j'étais incapable de m'occuper d'un enfant, même les juges le disaient, leurs mots étaient cruel, et je démentirait à chaque fois, clamant que personne ne pourrait aimer Seth comme moi je l'aime, mais à force de me marteler la tête avec cette idée, j'avais fini par perdre ma conviction, et les problèmes s'accumulant, je commençais même à croire que ce qu'avaient dit les juges il y a quelques mois était vrai, que je ne pouvais pas être une maman correct pour mon propre fils. Mais Thom lui, il affirmait le contraire, et sa parole comptait bien plus qu'il ne l'imaginait. Mes spasmes s'étaient calmés grâce à l'étreinte rassurante de Thom, sentir quelqu'un vous serrer, c'est peut-être l'un des gestes les plus rassurant, et c'est tout ce dont j'avais besoin à cet instant. Personne ne me serrait jamais dans ses bras, ça faisait une éternité que je n'avais pas eu une étreinte rassurante autour de moi, et ça faisait tellement de bien d'être enfin dans les bras de quelqu'un.    C'est moi qui suis désolé de ne pas avoir agi plus tôt. souffla-t-il à mon oreille. Comment pouvait-il être désolé pour cela? Je n'avais jamais rien laissé paraître, jamais dit un mot sur l'étendu de mes problèmes financiers, jamais dévoilé quoi que ce soit par rapport au fait que je faisais des horaires de malade et que j'en étais éreintée, je ne m'étais jamais confié sur tout ça et j'avais toujours mis un point d'honneur à ne jamais rien laisser paraître, comment pouvait il être désolé? Non.. je t'ai jamais rien dit sur ma situation.. tu pouvais pas savoir, soit pas désolé pour ça, c'est pas de ta faute.. lui répondis-je, tout en calmant mes sanglots. Il me lâcha ensuite, et j'essuyais mes joues pleines de larmes. Mes yeux brulaient et étaient rougis par les larmes, mais au moins je ne pleurais plus. Aussi. Tu resteras ici jusqu'u jour où tu auras envie de partir ! Vous ne me dérangeriez jamais, ensuite, ne travailles pas plus, je t'en supplie. Tu travailles déjà beaucoup trop, j'ai assez d'argent pour vous laisser vivre ici des mois et des mois. Alors, fais des journées de travail normales et arrête les heures supplémentaires. Je vois bien que tu es crevée et que ce soir, crois-moi, tu passeras une nuit entière à dormir comme il le faut et tu rempliras ton ventre jusqu'à ce que l'impression que ton ventre va exploser fasse apparition. je lâchais un léger sourire, amusée par la fin de sa phrase. Je me sentais toujours un peu honteuse d'en être arrivée là, mais j'acceptais peu à peu l'idée, et Thom avait vraiment l'air de tenir à m'offrir son aide, ce qui me touchait énormément. Il passa un main réconfortante dan mon dos avait d'ajouter C'est bientôt la fin de ton calvaire, Primerose. cette phrase me serra le coeur et me noua l'estomac, mais je le croyais sur parole. Malgré mon visage bouffi par les larmes, et cette honte que étreignait mon coeur, je savais qu'à présent ça irait mieux, que les choses allaient s'arranger, et que j'avais enfin quelqu'un sur qui compter. Je commençais à y voir plus clair, et l'angoisse perpétuelle que je ressentais jusqu'à aujourd'hui commençait à se calmer, les choses semblaient moins insurmontables, et c'était uniquement grâce à Thom.  Merci Thom je.. je sais même pas ce que j'aurais fait sans toi, je veux pas imaginer.. merci pour tout ce que tu as fais, et pour tout ce que tu as dis aussi, et merci pour Seth.. Merci d'être là.. T'imagines même pas comme tu me sauves la vie, et à lui aussi! Je me sens bête de ne rien pouvoir te donner en retour et je sais que mille mercis ne seront pas suffisant pour tout ce que tu fais pour nous deux.. t'es un ange Thom vraiment, sans toi je sais pas dans quelle situation j'aurais été dans une semaine, ou dans un mois, tu.. j'essuyais une larme qui s'était échappée, avant de serrer Thom dans mes bras t'es l'une des meilleures personnes que je connaisse.. soufflais-je à son oreille. Qu'importe ce qu'il a pu faire, qu'importe ce que les autres pensent de lui, qu'importe ce que lui veut faire penser aux autres, jamais personne ne m'avait autant aidé que lui, Thom avait un coeur énorme derrière cette carapace de gros dur, et pour moi il était quelqu'un d'exceptionnel, indéniablement. Jamais je ne le remercierai assez pour tout ça.