Juliette est au milieu du grand hall, le visage illuminé par la lumière du lustre en cristal. Elle porte une robe de princesse, rose, avec des froufrous, et elle tourne sur elle même, les yeux rivés sur le plafond doré. Elle tourne encore, manque de tomber. Le personnel ne prête pas attention à la gamine de quatre ans - ils sont habitués à voir les enfants Deveraux se balader dans l'hôtel. Après tout, c'est leur nom qui est gravé sur la devanture, brodé sur les serviettes en tissus. C'est leur parents qui possèdent ce luxueux endroit.
Ce soir, au Palace Deveraux, on tente de garder les journalistes à l'extérieur. Ce n'est pas la première fois que l'hôtel accueille une star, à vrai dire, c'est plutôt courant. On essaie tout de même de garder un maximum de discrétion, mais ça s'avère compliqué avec les paparazzis qui guettent devant le bâtiment.
Une jeune femme traverse le grand hall - elle porte une robe Chanel, un sac dont le prix doit être aussi élevé que les talons qu'elle porte, et ses lunettes de soleil griffées l'identifient comme ce qu'on appelle dans ce genre d'endroit une VIP. Elle est accompagnée de son agent, et discute avec le directeur du Palace. Quelques pas de plus, une gamine qui tourne sur elle-même, et voilà, Juliette vient de se cogner dans la top model Tanya Rossetti. Incroyable, cette gamine.
- Juliette ! la réprimande son père. "Jacques, voulez-vous bien la raccompagner dans la suite, vous savez à quel point je déteste quand les enfants traînent dans le hall."
- Ce n'est rien, Marc, assure la mannequin, un sourire flottant sur ses lèvres signées Dior. "C'est votre fille ? Elle est magnifique !"
La gamine sourit, intimidée par cette grande dame aux cheveux noirs brillants.
- Regardez-moi ces fossettes. Voilà une top model en devenir, Marc, j'espère que vous en avez conscience, plaisante la jeune femme.
Et voilà qu'ils s'éloignent, continuant leur discussion comme si rien ne s'était passé. Mais la petite blonde, elle, a des étoiles dans les yeux, et ce n'est pas dû à la lumière dorée de la salle.
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Alice peste devant son miroir.
- Charlotte est insupportable. J'ai jamais aimé cette fille, c'est fou ce qu'elle m'énerve, lance-t-elle en brossant ses cheveux pour la quinzième fois de la journée.
Juliette fronce les sourcils, s'asseyant à côté de la blonde.
- Lice, c'est de ta sœur dont tu es en train de parler.
- J'ai jamais aimé les sœurs.
- Lice, JE suis ta sœur.
- Non, toi t'es ma jumelle, c'est différent.
Les deux filles échangent un sourire complice, admirant leurs traits pratiquement identiques dans le reflet de la glace. Les mêmes yeux blonds, les mêmes longs cheveux blonds, on pourrait les confondre. Ce soir, elles ont quatorze ans. Elles se sont isolées du reste de la famille, dans la suite personnelle qu'elles ont demandé pour leur anniversaire. Non, la suite qu'Alice a
exigé. Bien qu'elles se ressemblent physiquement, Juliette sait que sa sœur jumelle a bien plus de caractère qu'elle. Lorsqu'elle veut quelque chose, elle l'obtient. Chantage, caprice, menace, tout est bon pour elle, et cela fait longtemps qu'elle a décidé qu'elle ferait tout pour sa chère Jules.
C'est une famille bien compliquée que celle à laquelle elles appartiennent. Quatre fille, un garçon. Lice et Jules sont pourtant proches de Thomas. Il est plus solitaire, plus renfermé, mais ça doit être la présence féminine écrasante qui le rebute. Il a deux ans de plus que les jumelles, et il faut croire qu'il s'est donné mission de veiller sur elles. Enfin, sur Juliette. Elle est fragile, elle est douce, elle a besoin de quelqu'un pour la protéger, il en est sûr. Alice est d'accord avec lui. Ensemble, ils forment le trio inséparable de la famille. Lorsqu'on est pas particulièrement proche de ses parents, il faut bien compenser. L'amour frère-sœur est le plus fort qu'ils n'aient jamais connus.
Charlotte est la petite dernière. Elle est plus timide, plus hésitante, plus éloignée. Alice ne l'aime pas. Elle n'a jamais voulu d'elle. Pas assez drôle, pas assez belle, pas ce côté Deveraux qui donne le goût du luxe et de la gloire. Tout ça à la différence de l'aînée, Camille. Elle, c'est une vrai star, et elle préfère l'être loin de sa famille. Du haut de ses vingt-deux ans, elle est partie à New York pour faire ses études. Bref, pour Juliette, la famille se limite à sa peste de jumelle et à son solitaire de frère. Ça lui va très bien. Le reste ne compte pas.
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Jules est amoureuse - Oui, Jules, et non pas Juliette, car, croyez-le ou non, ce surnom lui colle désormais à la peau. Juliette, c'était la gamine en robe à volant qui courait dans le grand hall. Jules, c'est cette fille de dix-sept ans qui arpentent les rues de Paris en limousine, qui étudie dans une école privée avec d'autres gosses de riches, qui met un point d'honneur à assister à tout les défilés de mode. Les gens parlent d'elle. On raconte qu'elle veut être mannequin, qu'elle a déjà posé pour Vogue, qu'elle part à New York tout les étés, que c'est une fausse blonde, qu'elle est boulimique, qu'elle bouffe du chinchilla et porte leur fourrure. Il y a du vrai, il y a du faux. C'est ça les ragots, et Jules ferait bien de s'y habituer, elle qui veut devenir une star.
Mais passons. Jules est amoureuse. En revanche, elle aurait dû mieux choisir son crush parce qu'elle n'a rien trouvé de mieux que de tomber amoureuse de son prof.
Comprenez, Ethan Spencer est canon. Il enseigne l'anglais au lycée privée de mademoiselle, il a vingt-six ans, il n'est pas français, il traîne dans les vernissages. Jules est folle de lui.
En cours d'anglais, ses notes remontent étrangement. Bientôt, elle est la meilleure élève de la classe. Elle a réponse à tout, vient poser des questions à propos du devoir, même si sa question n'a pas lieu d'être. Mais Spencer est pédagogue, c'est un bon prof et il ne voit pas la pensée de l'adolescente. Pourtant, Jules a un but et elle compte bien l'atteindre.
Il lui prête un bouquin qu'elle ne trouvait pas à la bibliothèque. Elle se lie d'amitié avec sa nièce, camarade de son cours d'équitation. Elle le croise de plus en plus : au ciné, dans des expos, dans la rue, parfois même dans des bars. A chaque fois, elle joue la coïncidence, le salue, échange deux ou trois mois, puis une dizaine. Désormais, ils discutent. Ils ne viennent pas du même milieu, mais ils ont beaucoup en commun. Le problème, c'est qu'il la voit toujours comme son élève, et que tant que ça dure, Jules n'a aucune chance. Elle ne se laisse pas déstabiliser ; La blonde s’inscrit au cours d'écriture auquel Ethan se rends chaque soir. Un peu tard, d'ailleurs. Il offre de la raccompagner, et elle voit bien qu'il est troublé. Elle le trouble.
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- Alice !
Jules se précipite vers la blonde, chassant le clan de pétasses gravitant autour de sa jumelle.
- Dis-donc princesse, c'est qu'on t'a pas vu hier soir au palace... T'en fais pas, je t'ai couvert. T'as pas fait de conneries j'espère ?
- Si, si, une grosse connerie. Alice, j'ai besoin que tu m'aides.
- Ma chérie, les conneries c'est ma spécialité.
Jules glisse quelques mots à l'oreille de sa sœur, qui écarquille les yeux. Elle se met à pouffer de rire, une main devant sa bouche en cœur.
- T'es sérieuse ?
- Ça n'a rien de drôle, Lice, je suis dans la merde.
Les deux baissèrent d'un ton afin que personne ne les entende.
- Ma chérie, je vois pas pourquoi tu flippes, c'est lui qui prends tout les risques. Toi, t'as ce que tu voulais. C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ?
- Je sais pas ce que je veux ! Je suis amoureuse, le reste je m'en fous. Je sais pas.
- Je vais passer sur le peu de considération que j'ai envers l'amour et aider ma petite sœur de deux minutes. Vous avez couchés ensemble.
- Lice !
- Faut dire les choses comme elles sont. Maintenant, si ça reste un secret, il y a pas de raisons à ce que ça coince.
- Mais je veux pas juste d'un secret, je veux que ça dure !
- S'il te plaît chérie... Tu l'as déjà dans le creux de ta main, tu t'en rends compte ? T'es une Deveraux. T'es une princesse. Ce que tu veux, tu l'obtiens.
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Juliette écoute toujours sa sœur. Alice sait se sortir des pires situations avec une couronne de diamants sur le crâne. La tutrice parfaite.
Alors effectivement, ce qu'elle veut, elle l'obtint. Des regards échangés pendant les heures de cours, des sourires discrets, des baisers volés lorsque personne ne regarde... Juliette est amoureuse d'Ethan, et le contraire est certainement vrai. Ils ont un avenir prévus ensemble, il faut juste qu'elle termine ses années lycées et ils n'auront plus besoin de se cacher.
Mais voilà, il y a un problème. Ce problème, c'est une petite rousse aux yeux verts - elle a un rouge à lèvre de supermarché et son sac est une imitiation, remarque Juliette, mais c'est pas ça le problème. Non, le problème, c'est qu'elle a un polichinelle dans le tiroir.
- Ça s'utilise encore cette expression ? s'interroge Alice.
- On s'en fiche ! Elle est enceinte, tu te rends compte ?
- C'est ça. Rappelle moi de qui tu parle ?
- Son ex. Une rouquine, vingt-trois ans, elle vit dans le 13e arrondissement.
- C'est un problème.
- Un peu, oui. Elle a pas d'argent, et j'ai peur qu'il soit attiré par la promesse d'une famille. Elle est toujours amoureuse de lui, ça crève les yeux.
- Elle fait pas le poids. Mais si tu pense que c'est une menace, vire la du paysage. Rien de plus facile !
- Non... Non non, je ne dois pas... Je dois pas interférer. Je suis avec Ethan, et ça changera pas à cause de cette fille. Je vais laisser les choses se faire.
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- PUTAIN DE MERDE LICE !
- Je t'avais dit que tu le regretterais.
- Non, tu m'as rien dit du tout. J'arrive pas à croire qu'il m'ait quitté pour elle !
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Il a dit... Il a dit que peut-être qu'on s'était trompé finalement. Il a dit aussi qu'il avait ferait une erreur en laissant Rose derrière lui et qu'il ne se le pardonnerait pas s'il il ne réparait pas ça. Je savais que ce bébé allait tout gâcher..
La jolie blonde éclata en sanglot devant les yeux de sa soeur jumelle.
- Ah non ! Ne pleure pas, je te l'interdis ! Tu vas ruiner ton maquillage, ma chérie.
Elle la prit dans ses bras, replaçant une mèche de cheveux rebelle.
- Chut, ne pleure pas. Redresse-toi. Regardes comme tu es jolie. Tu es une Deveraux, tu te rappelles ? Débarrasse-toi de cette pétasse.
Lorsqu'elle se regarda dans le miroir ce jour-là, le regard froid et calculateur, un air de princesse des glaces, Jules se dit qu'elle n'avait jamais autant ressemblé à sa sœur.
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Elle l'observe par la fenêtre de sa voiture. Rose marche vers l'université pour se rendre à son cours d'art, un café à la main. Jules se dit brièvement qu'une femme enceinte de devrait pas boire de caféine, puis secoue la tête pour chasser cette idée survenue à un moment incongru. La blonde a pris sa propre voiture pour venir dans ce quartier de Paris - elle s'y ferait remarquer en limo, et la discrétion a son importance dans ce qu'elle va faire.
Elle vérifie son maquillage une dernière fois avant de sortir de l'Audi - même si elle sait que la rouquine n'y prêtera pas beaucoup d'attention, ça lui donne de l'assurance. L'assurance est également la clé de sa réussite.
- Hé ! Tu es Rose, c'est ça ?
L'interpellée se retourne et la dévisage.
- Est-ce qu'on se connait ?
- Pas vraiment. On a un ami en commun. Ou plutôt un petit-ami ?
- Oh... Alors c'est toi, Juliette ?
- Je vois qu'Ethan t'a parlé de moi. C'est drôle, je n'avais pas entendu la moindre chose à propos de toi avant que tu ne reviennes.
- Tes parents savent que tu es là ?
- Ne me prends pas pour une idiote. Je suis ici pour régler cette histoire.
- Tu devrais arrêter de courir après Ethan. Tu vas lui attirer des ennuis, tu le sais bien.
- Je suis plutôt douée pour éviter les ennuis.
- Et bien ce n'est pas son cas ! Tu sais ce qu'il risque s'il ça continue ?
- La question n'est pas là. Comment comptes-tu gérer ça ?
Jules pointa du doigt le ventre de sa rivale.
- T'as pas d'argent. Ethan n'a pas grand-chose non plus. Une fois que le gamin sera né, vous tiendrez un mois, peut-être deux, puis tu le feras sûrement adopter pour pouvoir continuer à survivre. Je comprends ça. La vie est chère, enfin, il paraît.
- On peut s'en sortir seuls, merci bien.
- Tu aimerais que ça soit vrai, mais tu sais bien que j'ai raison.
- Putain, mais lâche-moi ! Tu devrais pas être à l'école ?
- Ou alors... Tu pourrais avorter.
- Je ne tuerais pas mon bébé, petite conne !
- Moi je crois que tu le feras. Je pourrais clôturer cette histoire avec une donation qui te permettra de finir l'année sans t'encombrer avec des soucis d'argent. Rends toi à l'évidence, Rose. T'es un peu trop jeune pour tomber enceinte, non ?
- Et toi t'es pas trop jeune peut-être ?
- Moi c'est différent. Je te laisse cinq jours pour réfléchir à mon offre, lorsque tu auras pris ta décision, contacte moi à ce numéro. Tu ferais mieux de prendre la bonne.
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- Alors, comment ça s'est passé ?
Alice est assise en tailleur sur le lit de sa soeur jumelle, un flacon de vernis doré dans les mains.
- Elle m'a rappelé.
- Et ?
- Et maintenant, j'attends l'appel d'Ethan.
- Attends quoi ? Elle lui a tout raconté ?
- Non, bien sûr que non. Je l'avais prévenue que si elle balançait tout, notre accord ne tiendrait plus.
- Donc elle a accepté..
Le téléphone portable sonne sur l'édredon blanc, capturant l'attention de Jules. C'était l'appel qu'elle redoutait.
« J ? C'est moi, Ethan. Je.. Je suis désolé d'appeler comme ça, je ne devrais pas après ce qui... Rose a avorté du bébé sans me prévenir. Elle dit qu'elle s'est trompée, qu'elle n'est pas capable d'être mère. Et maintenant, je me sens un peu misérable. Et seul. Je devrais pas t’appeler, je me répète, mais est-ce que tu voudrais qu'on se voit ? »
Les deux blondes échangent un sourire en entendant ces mots. L'une d'elle lève son pouce pour sa sœur, l'autre s'accroche à son téléphone avec espoir, essayant d'oublier ce qu'elle a fait pour en arriver là.
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Les regards se tournent vers elle, de plus en plus au fil des jours. On chuchote, on murmure, on fait courir les rumeurs. Jules sent peser sur elle le poids de la célébrité. Mais voilà, les ragots ne lui faisaient rien tant qu'ils sortaient de l'imagination des gens, mais une fois qu'on y met une touche de vérité, ils sont bien plus lourds à porter.
- Mais merde, tu t'en fous de ce que disent les gens !
- La dernière fois, en allant me chercher un café, j'ai entendu une fille du lycée me traiter de pute. J'en peux plus de Paris ! Je ne supporte plus de vivre ici depuis qu'Ethan est parti en Inde pour son programme humanitaire de je ne sais quoi. Maintenant les gens commencent à savoir, et ils parlent, et c'est moi qui récolte tout dans la gueule depuis qu'il n'est plus là !
- On va s'en aller, chuchote sa machiavélique jumelle. "Il est temps pour nous de partir et de voir autre chose que cette ville, tu ne crois pas ?"
La famille Deveraux n'est pas un foyer très uni, et les conversations du dîner ne sont qu'un bref échange de banalités, rapidement coupés par des appels téléphoniques urgents. Mais ce soir là, Alice capture rapidement l'attention des siens lorsqu'elle dit qu'elle veut s'en aller.
- Excuse-moi ?
- Tu as très bien entendu, maman. J'en ai marre de cette ville. Je veux qu'on déménage.
- Mais enfin, l'hôtel...
- Je vous ai entendu discuter à propos de ça, je sais que vous voulez développer les hôtels déjà implantés à l'étranger.
- Alice ! Cette conversation ne te regardait aucunement ! Nous n'avons pas l'intention ni l'envie de déménager maintenant !
- Mais moi j'en ai envie. Je peux plus blairer cette ville. J'ai envie de voir quelque chose de plus grand, de neuf, je veux aller à...
- New York, souffla Jules à l'oreille de sa soeur.
- A New York, parfaitement. D'ailleurs, je ne suis pas la seule. Tout le monde est fatigué de vivre ici.
- Alice !
- Elle n'a pas tord, intervint Thomas, un sourire aux lèvres.
Leur frère n'allait plus en cours depuis un mois, et il savait que les jumelles le couvraient pour ça. Il n'hésitait pas à leur donner son soutien, puisque après tout, ils étaient le vrai trio de cette famille.
- Pourquoi ne pas développer l'hôtel de New York ? On a tous besoin de renouveau.
- Ce n'est pas toi qui prends les décisions ici, par conséquent, la réponse est non. Nous avons des affaires en cours à Paris, il n'est pas question de bouger maintenant, déclara finalement Marc, les yeux rivés sur son smartphone.
- Très bien. Si on reste à Paris, j'arrête le mannequinat. Et Jules aussi.
La concernée émit un glapissement de protestation, mais le regard noir de sa sœur la fit acquiescer rapidement.
- Enfin, vous ne pouvez pas faire ça ! Vous êtes sur une bonne lancée, et j'espérais vous présenter à la rédactrice mode de...
- Oui, et bien on ne rencontrera personne. D'ailleurs, on arrêtera sûrement les cours aussi. Tant pis pour Oxford. N'est-ce pas Thomas ?
- Est-ce que tu me ferais du chantage, jeune fille ? s'indigne sa mère.
- Maman, tout ce que je veux, c'est que tu comprennes que ce serait mieux pour tout le monde ! C'est pas comme si c'étais la première fois qu'on mettait les pieds là-bas : on a déjà l'hôtel prêt à nous accueillir comme pendant les vacances d'été ! Papa peut rester ici pour gérer le Palace, et on partirait, toi, moi, Jules, Thomas.
- Et Charlotte.
- Ouais, si elle veut.
Le regard de leur mère est encore hésitant, mais Alice sait qu'elle a gagné.
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Cette dernière image, c'est celle de Jules installée confortablement dans l'avion - première classe, bien sûr -, sa tête bougeant doucement au rythme de la musique s'échappant de son casque. A côté d'elle, sa sœur sirote une coupe de champagne (elle n'a pas vingt-et-un ans, mais sa mère a accepté), un magazine dans les mains. Thomas flirte avec la jolie américaine assise à côté de lui. Charlotte a le regard perdu vers les nuages en dessous d'eux.
Il faut croire que les Deveraux débarquent à New York pour de bon cette fois-ci : faut-il prévenir Gossip Girl ?