◮ Depuis combien de temps es-tu à New-York ? Depuis un an et demi maintenant.
   ◮ Que penses-tu de la guerre entre les deux clans ?  Je ne pense rien, cela ne me concerne pas. Je suis neutre.
   ◮ Crois-tu qu'un jour tu pourrais prendre parti/as-tu déjà choisi ton camp ? Non, même si je ressens parfaitement ce qu'ont ressenti les GGGB... Je ne tiens pas à me faire d'ennemi dans la nouvelle ville où je vis.
   ◮ As-tu des proches impliqués dans la guerre ? Non, parce que je suis nouvelle et j'ai envie de refaire ma vie ailleurs.
   ◮ Selon toi, qui en sortira vainqueur ?  J'en sais rien, de toute façon, y'a pas de gagnant ni de perdant au fond, ou ça ne finira jamais.
   ◮ Que penses-tu de New-York ? Grande ville, je suis une petite fourmi, je ne connais pas beaucoup de personne et ce n'est pas plus mal. Personne ne peut me juger sur mon passé ni qui je suis désormais.
   ◮ Quels sont tes activités favorites ? Courir dans Central Park, aller voir des comédies à Broadway, aller réviser dans le Madison Square, faire les magasins quand c'est nécessaire, voir mon copain, enfin ex..
   ◮ Te sens-tu en sécurité à New-York ? Non pas trop, surtout quand je vois les journaux mais je fais attention à moi, enfin j'essaie.
   ◮ Veux-tu rester à New-York jusqu'à la fin de tes jours ? Je ne sais pas, seul le temps me le dira, pour l'instant, je suis bien, à voir par la suite.
   ◮ Penses-tu avoir des amis sincères ? il n'y a qu'une personne qui me considère comme une amie donc cette question ne me concerne pas même si je l'aime bien, j'ai peur de l'embêter mais je peux dire que oui, c'est un ami sincère... Enfin ça c'était avant.
   ◮ Qu'aimerais-tu changer dans cette ville ? on ne peut rien changer et je n'ai pas envie de changer quelque chose.
   ◮ Quel est ton plat préféré, ton style de musique et toutes les autres choses de ce genre ? j'ai pas de plat préféré, mais j'adore les hambuger, ainsi que la cuisine italienne, française et asiatique, je n'aime pas trop les trucs réellement épicés. J'écoute de tout mais surtout des musiques déprimantes, je lis beaucoup, j'adore découvrir de nouvelles histoires, j'adore développer mon imagination, j'adore manger des pâtes ou de la salade. La pomme est mon fruit préférée avec la fraise.
   ◮ Tu m'aimes ?  si tu me connaissais vraiment, tu ne m'aimerais pas.

A LITTLE GIRL GREW UP TOO FAST. Mon enfance, on ne peut pas dire que cela a été la meilleure. Déjà quand j’eus quatre ans, mes parents décidèrent de se séparer d’un commun accord. Ils ne se supportaient plus, ils s’envoyaient tout ce qu’ils pouvaient par la tête, ils n’étaient plus d’accord sur rien. Ils se hurlaient dessus sans cesse. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire de toute façon, mais vous croyez vraiment que les relations entre eux se sont apaisés ? Jamais, ils se sont tous disputés, qui sait qui aura le canapé, le placard, les allogènes, le chien, la gosse. Ca a été une procédure longue et différente, ils essayaient de me monter contre l’autre, de m’acheter. J’étais petite et je tombais dans leur piège, en plus le truc qui n’arrangeait rien, ils bougent tout le temps pour leur boulot. Mon père est producteur, ma mère est décoratrice-scénographe. Ils se sont rencontrés pendant leurs études et cela a été le coup de foudre, malheureusement, la magie a vite fini d'opérer dans leur couple. Ils m'ont conçus pour tenter de donner une dernière chance à leur couple, mais sans succès. Durant mon enfance, j’ai beaucoup voyagé, ma garde a été confié à ma mère mais mon père a engagé des procédures pour m’avoir aussi. Résultat, j’ai beaucoup voyagé, j’ai vécu un an à Londres, avec ma mère pour une série pour laquelle elle a été engagée, puis mon père a réussi à choper ma garde et il m’a pris lorsqu’il est parti à Los Angeles tourner son prochain film. J’ai aussi été à Venise, Barcelone, Paris, Sydney, Boston, Berlin, Santiago de Chile, Liverpool et j'en passe encore. Je ne pouvais pas vraiment m’attacher aux gens parce que je repartais dans les mois qui suivaient. J’ai toujours parlé qu’anglais couramment, je n’avais pas le temps de rester dans un pays pour apprendre pleinement sa langue. Voyager c’est épuisant et il ne faut pas d’attache. La situation entre mes parents me faisaient souffrir, je me suis réfugié dans la nourriture, j’ai commencé à grossir, à être en surpoids, à chaque fois que j’entendais des cris, le chocolat était mon meilleur réconfort, je n’avais personne à qui parler, personne ne m’écoutait, tout le monde ne me prenait pas au sérieux. Tout ce que je demandais, c’était une famille normale, pas nomade. J'ai commencé à aimé écrire et lire. J'avais à peine le temps de me faire des amis qu'on allait déjà dans une autre ville. Je ne connaissais pas le système scolaire, j'ai toujours connu les cours par correspondance que mon père me donnait ou ma mère. A l'âge de 14 ans, tout ce que je souhaitais, c'était un peu de normalité et avoir une famille qui ressemble à celles que l'on voit à la télé. Ma mère a rencontré mon beau-père et a décidé de se « sédentariser », de s'installer à Orlando définitivement et de devenir décoratrice d'intérieur. Elle a aussi vu une bonne occasion de me récupérer, puisque cela faisait des années que je lui réclamais d'avoir une vraie maison, celle qui ne dure pas qu'un an. Mon père est quelqu'un de marginal, il ne comprend pas vraiment pourquoi on a besoin d'avoir des repères pour se sentir rassurer. J'ai durement négocié avec lui pour qu'il me laisse vivre chez ma mère parce que c'est lui qui a la garde. Il a accepté à condition que je suive son mode de vie pendant mes vacances, j'ai accepté et je vois mon père quand même assez souvent. On est très proche et je l'aime énormément.

THIS IS A STORY THAT I’VE NEVER TOLD. La phase de l’adolescence, la plus ingrate, la plus dur. A Orlando, je pensais vraiment que j’allais avoir des amis comme on voit dans les films. Des gens qui pourraient me comprendre. Des gens avec qui je serais liés jusqu’à la mort, on aurait fait les 400 coups ensemble, mais ça ne marche pas comme ça avec moi. Dès mon premier jour, je me suis sentie épiée, je me suis installée seule à une table pour manger mon déjeuner, personne n’est venue. Ca fait trois ans désormais et être seule, je ne me suis pas habituée. On avait bien essayé de me parler mais les gens étaient vite repartis dissuader par les autres, j’étais la différente, la timide, la grosse pas du tout populaire. J’étais mal dans ma peau, aller en sport et me changer devant les autres, c’était un véritable complexe, elles me dévisageaient, se moquer dans mon dos, j’avais trop de cuisses, trop de ventres, trop de seins. Quand mes parents me demandaient comment se passait l’école, je répondais toujours très bien, je leur inventais des amis imaginaires pour qu’ils puissent être rassurés, c’est tout ce que je voulais, qu’on me laisse tranquille. Dans le fond, j’aurais aimé qu’ils posent des questions, qu’ils s’interrogent, mais rien. Peut-être ne voulait-il pas le voir ? Je cachais mon mal-être, je foutais des fringues ample, je ne me faisais pas jolie, je passais mon temps à me cacher, j’étais la plante verte de la classe. La solitude me pesait, plus qu’on le pensait. Manger seule à la cantine, entendre les gens soupirer quand on devait se mettre en binôme, ou me laisser faire tout le boulot. J'ai eu le droit au seau d'eau, au ballon qui finissent dans ma figure, rouler sur une flaque d'eau, me suivre chez moi, je n'étais pas inscris sur les réseaux sociaux car je savais que cela allait être l'enfer. Ils ne se rendaient pas compte à quel point leur moquerie, leur discriminations était en train de me détruire à petit feu. Plus on avance dans le temps, plus j’avais envie de me suicider, j’ai même voulu passer à l’action une fois mais ma mère est rentrée, je ne voulais pas qu’elle voit ça. Mes périodes où je décompressais complètement était lorsque je passais les vacances chez mon père, je réussissais à me faire des gens avec qui parler. Je n’exprimais pas mes points faibles, j’essayais de sourire, je m’échappais de mon quotidien. Je ne sais pas si c’est moi qui a un problème à Orlando, mais les gens m’apprécient bien en règle générale, j’étais simplement la bonne copine mais on m’aimait bien pour ça. Ca me convenait, je me faisais des connaissances mais je n’ai jamais été réellement entourée. Retour au lycée, l’avant-dernière année, j’avais maigrie considérablement, je m’étais contrainte à faire un effort, j’avais pris de bonnes résolutions mais rien n’a changé. J’étais toujours rejetée, bien que je me suis fait draguer une fois par un nouveau mais il a préféré sa popularité, les gens ne me détestent pas tous mais ils suivent le mouvement sans trop se poser de question. Ils préfèrent être populaire plutôt qu'être rejeté, sans le fond, je ne peux pas blâmer ça, peut-être que j'aurais fait la même chose. La dernière année, j’avais hâte qu’elle se finisse avant même qu’elle est commencée. Une année de souffrance encore. Je passais le moins de temps possible en cours, je souffrais en silence, je continuais à subir les moqueries. Je baissais la tête, puis il y a eu ce jeune homme qui a changé mon quotidien, il s’agit de la première personne qui a osé s’afficher avec moi, qui a osé s’asseoir à ma table, qui a osé m’épauler, je pensais avoir trouver un ami, un confident, l’homme parfait, je me voyais avec lui, c’était nous contre le monde, je m’ouvrais doucement à lui et il ne prenait pas la fuite. Il m’aimait, j’en étais persuadé, on était fou amoureux l’un de l’autre, c’était censé durer toute la vie, c’est lui qui m’a sauvé de la solitude, il m’aidait à combattre mes peurs, il m’épaulait, ses mots me réconfortaient, ses gestes me faisaient l’aimer un peu plus. Lui et moi contre le monde, c’est ce qu’il me disait, quand ma mère l’a vu, elle était contente, elle l’a adoré, je l’aimais plus que tout, j’avais réussi à retrouver un peu le sourire, mais malheureusement les bonnes choses ont une fin. On a tous les deux était accepté dans les universités que je voulais, moi à Brown, à New-York et lui, à New-York aussi, on avait tout prévu, se prendre un appartement et tout, mais au final, ce n’est pas arrivé parce qu’un jour, un footballeur de mon lycée est venue me voir et s’est moqué de moi, je lui ai demandé de me laisser tranquille et il m’a avoué toute la vérité, notre histoire, c’était du flan, c’était un pari et il l’a gagné, j’ai vu toute sa haine pour moi et sa fierté de me détruire, je suis rentré chez moi, j’ai voulu tout exploser dans l’appartement, j’ai hurlé, j’ai pleuré et à la fin, j’ai pris un rasoir et je me suis ouvert les poignets, j’en ai marre qu’on me prenne pour une conne, qu’on ne me prenne pas en considération, je me suis fait quelques autres entailles. C’est lui qui m’a encore sauvé parce qu'il voulait réparer ses erreurs. J’ai passé la nuit à l’hôpital, il m’ont fait un suivi psychologique, je n’ai rien lâchée même si on a senti mon mal-être, j’ai quand même tenu à partir à New-York en l’abandonnant lui et mes mauvais souvenirs. Mon père voulait que je vienne voyager avec lui, il est venu un soir à Orlando pour me le proposer et démonter la tronche du petit salaud qui a fait du mal à sa fille. J'ai refusé parce que ce n'est pas ce que je veux même si, mon enfance a été mon meilleur souvenir en fin de compte. Au final, j’ai attéri à New-York, j’ai démarché pour trouver un petit boulot, je ne veux pas trop profiter de la fortune de mes parents -surtout celle de mon père- Mon père m'a logé dans un petit appartement qu'un de ses amis a à New-York. Je verse un petit loyer et je travaille en parallèle chez un petit disquaire à Brooklyn. Je ne gagne pas beaucoup, mais je gagne assez pour payer mon loyer et ma nourriture moi-même.  

A New-York, j'ai rencontré quelqu'un d'autre Matteo. A la base nous étions simplement amis. J'avoue que l'amour frappe sans qu'on s'y attende. Je m'étais jurée de ne pas retomber amoureuse, pas tout de suite du moins mais j'en suis tombé complètement amoureuse de mon Matt. On a vécu pendant quelques mois de relations mais suite à son accident de voiture et à ses nombreux mensonges ou du moins, au fait qu'ils ne répondent pas à mes questions, j'ai pensé qu'il n'a pas assez confiance en moi, du coup, on a rompu pour le moment, mais j'en suis toujours autant folle amoureuse, c'est peut-être ça le pire. Malgré tout, je l'aime toujours autant...